Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! vous ne manquuez pas d’heures pour voir tout le monde ; mais pour l’instant vous feriez bien de songer à la douleur de la famille, et d’envoyer Édouard se reposer, car il a veillé toute la nuit.

— Il me faut un autre baiser auparavant, dit Dan Howlet-Hirst. » Mais Mysie était sur ses gardes, et peut-être songeait au voisinage du bûcher ; elle sut si bien résister que le galant, maudissant la mauvaise humeur de la nymphe avec une phrase peu pastorale, monta promptement l’escalier pour aller relever son camarade. Elle courut à la porte, et entendit la nouvelle sentinelle tenir une courte conversation avec Édouard ; puis ce dernier se retira.

Mysie laissa la nouvelle sentinelle se promener pendant quelque temps, jusqu’à ce que le jour fût venu tout à fait. Alors, présumant qu’il avait oublié son refus, elle se présenta devant lui, et demanda les clefs de la tour extérieure et de la cour.

— Et pourquoi faire ? demanda le gardien.

— Pour traire les vaches et les conduire au pâturage, dit Mysie ; vous ne voudriez pas que les pauvres bêtes demeurassent toute la journée dans la vacherie ; et la famille est si affligée, qu’il n’y a que moi et la vachère capables d’y songer ce matin.

— Et où est la vachère ?

— Elle est restée avec moi dans la cuisine, afin d’être prête si ces bonnes gens avaient besoin de quelque secours.

— Voilà les clefs, Mysie la révêche, dit la sentinelle.

— Grand merci, Dan-bon-à-rien, » reprit la meunière ; et elle descendit avec rapidité pour se rendre au bûcher. Là, vêtir le chevalier anglais d’un jupon et d’une robe courte fut l’affaire d’un instant. Elle ouvrit les portes de la tour, et se rendit vers la vacherie, qui était située dans un coin de la cour.

Piercy Shafton voulait lui représenter que c’était se retarder. « Belle et généreuse Molinara, dit-il, ne ferions-nous pas mieux, d’ouvrir la porte extérieure, et de fuir promptement comme une troupe de mouettes qui se réfugie dans les rochers quand les vagues sont hautes.

— Il nous faut faire sortir les vaches auparavant, dit Mysie, car ce serait péché que de laisser dépérir le bétail de la pauvre veuve, aussi bien pour son intérêt que pour celui des animaux, et je suis d’avis que personne ne va quitter la tour, afin de nous