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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/418

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par une trop violente tentation, il abusa des occasions que lui offraient les malheurs et les imprudences de sa sœur Marie. Il supplanta sa souveraine et sa bienfaitrice ; et l’histoire de sa vie présente un de ces caractères mixtes susceptibles de sacrifier souvent les principes à la politique, vice qui nous force à condamner l’homme d’état, tout en accordant de la pitié et des regrets à l’individu. Plusieurs particularités de sa vie prouvent qu’il visa à la couronne ; et il n’est que trop vrai qu’il contribua de tout son pouvoir à établir dans le conseil d’Écosse l’influence étrangère et hostile de l’Angleterre. Sa mort peut être regardée comme une expiation de ses fautes, et peut servir à convaincre que le rôle d’un vrai patriote est à la fois plus noble et plus sûr que celui d’un chef de faction, qui est toujours responsable des fautes du moindre de ses partisans.

Lorsque Murray s’approcha, le jeune villageois fut naturellement interdit de la dignité de son maintien. Sa taille imposante, l’air de gravité que l’attitude de pensées importantes et élevées donnait à sa contenance, ses traits qui offraient une ressemblance frappante avec une longue suite de rois, tout était fait en lui pour imprimer la crainte et le respect. Son costume le distinguait fort peu des seigneurs et des hauts barons qui l’entouraient. Un habit de buffle richement brodé et galonné en soie lui tenait lieu d’armure, et une chaîne d’or massif à laquelle était suspendu un médaillon était passée autour de son cou. Son bonnet de velours noir était orné d’un rang de grosses perles d’une grande beauté et d’une plume courte et touffue. Une longue et pesante épée était passée dans sa ceinture, comme sa fidèle compagne. Des éperons dorés attachés à ses bottines complétaient sa parure.

« Cette lettre, dit-il, est du saint prédicateur de la parole divine, Henri Warden, n’est-ce pas ? jeune homme, » Halbert répondit par l’affirmative. « D’après ce qu’il nous écrit, il paraît être dans quelque embarras, et il nous renvoie à vous pour des explications détaillées. Faites-nous donc savoir, je vous prie, dans quel état sont maintenant les choses relativement à lui. »

Bien qu’un peu troublé, Halbert Glendinning fit le récit exact des circonstances qui avaient accompagné l’emprisonnement du prédicateur. Lorsqu’il en vint à la discussion malencontreuse entre le baron et le ministre[1], il fut tout à coup frappé du sombre mé-

  1. Il s’agit de la querelle relative au concubinage de Julien Avenel et de Catherine de Nenwport ; mention un peu scabreuse à faire en présence d’un bâtard. a. m.