Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la chicane, de mainte discussion sur son identité[1]. Remarquez donc bien, capitaine Clutterbuck, que rendu sage par ces grands exemples, je vous admets à titre d’associé, mais d’associé commanditaire seulement. Comme je ne vous donne point qualité pour faire usage de la signature de la société que nous allons former, j’annoncerai ma propriété sur le frontispice de mon ouvrage et mettrai ma marque particulière sur ce qui m’appartient ; la contrefaire serait, suivant mon procureur, tout aussi coupable que d’imiter l’autographe de tout autre charlatan ; crime qui, suivant les étiquettes que l’on colle sur les petites fioles, n’est rien moins que félonie. Si donc, mon cher ami, votre nom vient à paraître dans la suite sur le frontispice de quelque ouvrage sans le mien, le public saura ce qu’il doit en penser. Je dédaigne d’employer des arguments et des menaces ; mais vous ne pouvez vous empêcher de sentir que par la raison que vous m’êtes redevable de votre existence littéraire, vous êtes entièrement à ma disposition. Je puis, suivant mon bon plaisir, vous priver de votre annuité, faire disparaître votre nom des registres de la demi-solde ; que dis-je ? même vous mettre à mort, sans avoir à me justifier devant qui que ce soit. Voilà parler clairement à un homme qui a servi pendant toutes nos dernières guerres ; mais je suis sûr que de ma part rien ne saurait vous fâcher.

Maintenant, mon cher monsieur, il s’agit de nous mettre à l’ouvrage et d’arranger aussi bien que nous le pourrons le manuscrit de votre bénédictin pour l’adapter au goût de ce siècle éminemment critique. Vous trouverez que je me suis amplement prévalu de la permission du moine pour changer les passages qui paraissaient trop favorables à l’Église de Rome, que je déteste, ne fût-ce qu’à cause de ses jeûnes et de ses pénitences.

Notre lecteur est sans doute impatient, et il faut convenir, avec John Bunyan[2], que

  1. J’ai depuis reçu des renseignements plus exacts, et j’ai appris que M. Cleishbotham mourut il y a quelques mois à Gandercleugh, et que l’individu qui a pris son nom est un imposteur. Le véritable Jedediah a fait une fin chrétienne et édifiante ; et il m’a été assuré positivement qu’ayant envoyé chercher un prêtre cameronien lorsqu’il était in extremis, il parvint à convaincre ce brave homme que, après tout, il n’avait nullement le désir d’attirer sur les restes disperses des montagnards les bonnets de Bonny Dundee. Il est dur que les spéculateurs de librairie ne veuillent pas laisser un brave homme tranquille dans sa tombe. a. m.
  2. Auteur du Pilgrim’s progress, poëme allégorique. a. m.