Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/7

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INTRODUCTION


mise en tête de la dernière édition d’édimbourg.




Il serait difficile d’assigner aucune bonne raison qui pût expliquer pourquoi l’auteur d’Ivanhoe, après avoir dans cet ouvrage employé tout l’art qu’il possédait pour prendre à une distance considérable de son pays natal les personnages, l’action et les coutumes de son roman, voulut choisir comme lieu de la scène de son entreprise suivante les ruines de Melrose, situées dans le voisinage immédiat de sa propre demeure. La raison ou le caprice, qui a dicté son changement de système, a échappé entièrement à son souvenir, et il ne doit pas essayer de se rappeler une chose de si peu d’importance.

Le plan général de la fable était de mettre face à face dans ce siècle de dissensions et de tumulte deux caractères, qui, jetés dans des situations de nature à leur donner des vues différentes au sujet de la réforme, fussent amenés à se dévouer avec la même sincérité et une pureté d’intention égale, l’un au soutien de l’édifice croulant de l’Église catholique, l’autre à l’établissement des doctrines réformées. On supposa qu’il pouvait jaillir de cette opposition de deux enthousiastes se heurtant dans le chemin de la vie, quelques sujets de narration intéressants par le contraste du mérite réel de l’un et de l’autre avec leurs passions et leurs préjugés. Les localités de Melrose étaient une scène parfaitement adaptée à l’histoire projetée : les ruines mêmes étaient un magnifique théâtre pour tout événement tragique qui pouvait survenir dans le récit, et en outre ce paysage est animé par le voisinage d’une belle rivière qui reçoit les tributs de nombreux ruisseaux, et traverse un pays témoin de tant de rudes combats et riche de tant de vieux souvenirs. Il n’était pas indifférent non plus pour l’auteur de choisir un site placé immédiatement sous ses yeux pendant sa composition.

Cette situation avait d’autres avantages encore : on pouvait apercevoir sur le bord opposé de la Tweed des débris d’anciens enclos entourés de sycomores et de frênes d’une hauteur consi-