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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/89

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— Je ne connais rien de tout cela, dit Tibbie ; mais pour la ressemblance, j’en suis sûre ; c’était exactement sous ce costume qu’il allait à la chasse au faucon ; car depuis que l’ennemi était dans le pays, il quittait rarement sa cuirasse ; et pour ma part, je ne crois pas qu’un homme ait l’air d’un homme, à moins qu’il n’ait du fer sur sa poitrine et à son côté.

— Je ne veux point connaître les armures de la poitrine ni du côté, mais je sais qu’il n’y a guère de bonheur dans les visions de la veille de la Toussaint ; car j’en ai eu une moi-même.

— Vraiment, dame Elspeth ! » et la vieille Tibbie rapprochai son tabouret de l’énorme fauteuil occupé par Elspeth ; « je serais bien aise de vous l’entendre raconter.

— Il faut donc que vous sachiez Tibb, qu’à l’âge de dix-neuf à vingt ans, ce n’était pas ma faute si je n’étais pas à toutes les fêtes des environs.

— C’était très-naturel ; mais vous vous êtes modérée depuis ce temps-là, ou vous ne parleriez pas si légèrement de nos braves cavaliers.

— Il m’est arrivé ce qui devait modérer moi ou toute autre femme ; ah ! Tibbie ! une fille comme moi ne devait pas manquer de galants ; car je n’étais pas laide au point de faire aboyer les chiens après moi.

— Je le crois facilement, car vous êtes encore aujourd’hui une belle femme.

— Fi, fi, flatteuse ! » dit la matrone de Glendearg rapprochant à son tour son siège d’honneur de l’humble tabouret sur lequel Tibb était assise ; « il est passé le temps où j’entendais vanter la beauté de mes traits ; mais j’étais passable alors, et d’ailleurs je n’étais pas si pauvre que je n’eusse un bout de terre aux rubans de mon corset. Mon père était propriétaire à Littledearg.

— C’est ce que vous m’avez déjà dit, répondit Tibb. Mais venons à la veille de la Toussaint.

— Eh bien ! eh bien ! dit la dame Elspeth, j’avais plus d’un amant, mais je n’étais décidée en faveur de personne ; de sorte que, la veille de la Toussaint, le père Nicolas, le cellerier…. (il était cellerier avant le père Clément qui l’est actuellement) était à casser des noix et à boire de la bière brune avec nous, et nous étions aussi gais que possible : on voulut me faire essayer un charme, pour savoir qui m’épouserait ; le moine dit qu’il n’y avait aucun péché à faire cela, et que s’il y en avait, il m’en don-