Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/9

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Comme preuve des opérations actuelles des fées, même de nos jours, on trouve dans le vallon, après l’entier débordement de ce ruisseau, des morceaux d’une matière calcaire, lesquels, soit par les soins de ces petits artisans, soit par les tourbillonnements du ruisseau dans les pierres, ont reçu des formes fantastiques de tasses, de soucoupes, de bassins et d’autres vases où les enfants qui les ramassent prétendent voir des ustensiles de fées.

Outre ces circonstances de localités romantiques, mea paupera regna (comme le capitaine Dalgetty appelle son domaine de Drumthvacket) sont bornés par un petit lac, du fond duquel des yeux qui contemplent encore la lumière ont vu, assure-t-on, sortir le taureau d’eau pour ébranler par ses mugissements les montagnes d’alentour.

En effet, la contrée qui entoure Melrose, si elle possède moins de beautés pittoresques que certains autres paysages écossais, se lie à tant d’idées combinées d’une nature fantastique où se plaît l’imagination, que bien d’autres auteurs moins attachés à ce site l’auraient choisi de préférence pour servir de théâtre à des scènes imaginaires. Mais parce que Melrose peut en général être prise pour Kennaquhair, ou parce que cette antique abbaye offre des rapports d’analogie avec le Monastère, tels que le pont-levis, l’écluse du moulin et autres objets, on s’attendrait vainement à trouver une exacte ressemblance locale dans toutes les parties du tableau. Le but de l’auteur n’était pas d’offrir un paysage copié d’après nature, mais il a profité d’une scène réelle qui lui est familière, et qui lui a fourni quelques traits propres à le guider dans une description plus étendue. Ainsi la similitude de l’imaginaire Glendearg avec le vallon réel d’Allen est loin d’être complète, et l’auteur n’avait point prétendu confondre ces deux sites. Cette explication doit satisfaire tous ceux qui connaissent le caractère actuel du vallon d’Allen, et qui ont pris la peine de lire l’esquisse abrégée du Glendearg fictif.

Le ruisseau, dans la dernière hypothèse, est décrit comme sillonnant dans ses gracieux détours une petite vallée romantique, capricieux dans son cours, allant d’un côté à l’autre, ne pouvant aisément se frayer un passage, et ne touchant rien, que son onde n’y laisse un doux présent dont la culture saura tirer parti. Il passe auprès d’une tour solitaire, séjour supposé d’un vassal de l’église, et théâtre de plusieurs incidents du roman.

Le ruisseau véritable d’Allen, au contraire, après avoir traversé