Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Glendearg, et qu’elle demandait le secours d’un père confesseur, le révérend père réfléchit sur cette demande.

« Nous nous rappelons fort bien Walter Avenel, dit-il ; c’était un bon et vaillant chevalier ; il fut dépouillé de ses domaines et égorgé par les brigands du Sud. La dame ne pourrait-elle venir ici recevoir le sacrement de pénitence ? la route est longue et pénible à parcourir.

— La dame est très-mal, révérend père, répondit le sacristain, et hors d’état de supporter un voyage.

— Ah !… c’est vrai… oui… alors il faut qu’un de nos frères se rende auprès d’elle, dit l’abbé. Sais-tu si Walter Avenel lui a laissé un douaire ?

— Fort peu de chose, révérend père, répondit le sacristain. Elle demeure à Glendearg depuis la mort de son mari, vivant en quelque sorte de la charité d’une pauvre veuve, nommée Elspeth Glendinning.

— Comment ? Mais tu connais donc toutes les veuves des environs ? dit l’abbé. Ho ! ho ! ho ! » et il réprimait son envie de rire de sa propre plaisanterie.

« Ho, ho, ho ! » répéta le sacristain de l’air et du ton d’un inférieur qui applaudit au bon mot de son supérieur. Puis il ajouta, avec un nasillement hypocrite et clignement d’yeux significatif : « Il est de notre devoir, révérend père, de donner des consolations aux veuves… hi, hi, hi ! »

Ce dernier rire fut plus modéré, parce qu’il fallait que l’abbé sanctionnât la plaisanterie.

« Ho, ho ! dit l’abbé. Plaisanterie à part, père Philippe, prenez vos habits de voyage, et allez confesser cette lady Avenel.

— Mais, dit le sacristain…

— Point de mais ; il ne s’agit de mais ni de si entre moine et abbé, père Philippe ; les liens de la discipline ne doivent pas se relâcher. L’hérésie acquiert des forces comme une pelote de neige qui roule acquiert de la grosseur. La multitude attend des confessions et des prédications de la part des bénédictins, comme d’autant de moines mendiants, et nous ne pouvons pas abandonner la vigne, quoique le travail soit fatigant pour nous.

— Et si peu profitable pour le saint monastère, ajouta le sacristain.

— Cela est vrai, dit l’abbé ; mais ne voyez-vous pas, père Philippe, que ce qui empêche un mal produit un bien ? Ce Julien