Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/294

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D’après les ordres de la reine, il s’était jusqu’ici habillé en deuil ou en couleur sombre ; mais il pensa que l’occasion présente réclamait un vêtement plus gai. Il choisit donc l’habit le plus élégant qu’il eût à sa disposition ; il était écarlate, tailladé de satin blanc, couleurs royales d’Écosse. Roland peigna sa longue chevelure bouclée, arrangea sa chaîne et son médaillon autour d’un chapeau de castor, de la forme la plus nouvelle, et suspendit à son côté, au moyen d’un baudrier brodé, la belle épée qu’il avait reçue d’une manière si mystérieuse. Sa parure, jointe à sa bonne mine naturelle et à sa belle taille, faisait de Roland un échantillon des plus élégants et des plus gracieux des jeunes galants de l’époque. Il aurait voulu saluer la reine et ses dames avant son départ ; mais le vieux Dryfesdale l’entraîna vers la barque.

« Nous n’aurons pas d’entretiens secrets, mon maître, » dit le mélancolique serviteur ; « puisqu’on vous accorde quelque confiance, nous essaierons de vous éviter la tentation de la trahir. Dieu te soit en aide, garçon ! » ajouta-t-il en jetant un regard méprisant sur ses habits élégants ; « s’il y a au village un meneur d’ours de Saint-André, prends garde de t’en approcher.

— Et pourquoi, je vous prie ? demanda Roland.

— De peur qu’il ne te prenne pour un de ses singes habillés, » répondit l’intendant avec un sourire malin.

« Je ne porte pas mes habits aux dépens de ta bourse, » s’écria Roland indigné.

« Ni aux dépens de la tienne, mon fils, répliqua l’intendant ; sans cela ta toilette ressemblerait plus à ton mérite. »

Roland retint avec peine la réponse qui lui vint sur les lèvres ; et, s’enveloppant de son manteau d’écarlate, il se jeta dans la barque que les deux rameurs, pressés eux-mêmes de voir la fête, firent voler rapidement vers l’ouest du lac. Lorsqu’ils gagnaient le large, Roland crut apercevoir le visage de Catherine Seyton, quoique soigneusement caché, et l’observant d’une meurtrière pour le voir partir. Il ôta son chapeau et l’éleva en l’air comme un signe qu’il la voyait et qu’il lui faisait ses adieux. Un mouchoir blanc fut agité à travers la fenêtre, et pendant le reste de ce petit voyage, la pensée de Catherine Seyton combattit dans son cœur l’idée qu’il se faisait de la fête où il se rendait. À mesure qu’ils approchaient du rivage, ils entendaient plus distinctement la musique et les chants joyeux, les rires, les acclamations et les cris de plaisir. En un moment la barque fut amarrée, et Roland