Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/33

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qui nous sont unis par la même foi, et avec qui il est à propos que nous fassions alliance. C’est vers quelques-uns de ces hommes que j’ai été envoyé pour une affaire aussi importante que secrète ; j’y suis arrivé sain et sauf, et j’en suis revenu en pleine sécurité. Il y a plus de danger à courir pour la vie d’un homme entre ce château et Holy-Rood, que dans toutes les mers qui baignent les terres basses de la Hollande.

— Et le pays, mon Halbert, et le peuple, sont-ils comme nos bons Écossais ? Comment se comportent-ils envers les étrangers ?

— C’est un peuple, ma chère Marie, fort par les richesses, qui rendent les autres nations faibles, et faible dans les arts de la guerre, qui rendent les autres nations fortes.

— Je ne vous comprends pas, mon ami.

— Le Hollandais et le Flamand, Marie, versent, pour ainsi dire, toute leur activité dans le commerce, et nullement dans la guerre ; leurs richesses achètent les bras des soldats étrangers à l’aide desquels ils protègent ce commerce ; ils construisent des digues sur les bords de la mer pour conserver le territoire qu’ils ont conquis et lèvent des régiments chez le Suisse persévérant et chez le rude Germain, pour protéger les trésors qu’ils ont amassés. C’est ainsi qu’ils sont forts dans leur faiblesse ; car les mêmes richesses que des nations plus puissantes pourraient être tentées de leur ravir, arment les étrangers en leur faveur.

— Les misérables fainéants ! » s’écria Marie, pensant et sentant comme une Écossaise de l’époque ; « ils ont des bras et ne combattent point pour le pays qui les a vus naître ? On devrait leur couper à tous le poignet.

— Non, ce serait une sentence par trop rigoureuse ; car leurs bras servent leur patrie, bien que ce ne soit pas dans la guerre, comme les nôtres. Regarde, Marie, ces collines stériles, cette profonde et sinueuse vallée le long de laquelle les bestiaux reviennent en ce moment de leurs maigres pâturages : la main de l’industrieux Flamand couvrirait ces montagnes de forêts, et ferait croître du blé là où nous ne voyons maintenant que des terres incultes et de stériles bruyères. Le cœur me saigne, Marie, lorsque je regarde cette contrée et que je songe à ce qu’elle deviendrait entre les mains d’hommes pareils à ceux que j’ai vus tout récemment ; d’hommes qui ne cherchent pas une vaine réputation dérivée d’ancêtres morts depuis long-temps, qui n’ambitionnent point la gloire sanguinaire acquise dans des querelles modernes ;