Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/384

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Douglas, et ceux qui parlent de ce qui regarde les Douglas le font à leur péril.

— Est-ce par crainte d’eux que vous parlez ainsi, vieillard, ou voulez-vous rompre une lance en leur faveur ? J’aurais cru que votre âge aurait refroidi votre sang.

— Jamais, tant qu’il se trouve des faquins sans cervelle pour l’échauffer.

— La vue de vos cheveux gris refroidit le mien, » dit en se rasseyant le jeune homme, qui s’était d’abord levé.

« Tant mieux pour vous, ou je l’aurais rafraîchi avec cette baguette de houx, reprit l’intendant ; je crois que vous êtes un de ces fanfarons qui tapagent dans les cabarets et les tavernes, et qui, si les paroles étaient des piques et les jurements des épées, auraient bientôt replacé la religion de Babylone dans le royaume, et la femme de Moab sur le trône.

— De par saint Bennet de Seyton ! s’écria le jeune homme, j’ai grande envie de te souffleter, vieux radoteur hérétique !

— Saint Bennet de Seyton ? reprit l’intendant ; bon répondant que saint Bennet, pour une portée de louveteaux comme les Seyton. Je t’arrête comme traître au roi Jacques et à notre bon régent. Holà ! Jean Auchtermuchty, aidez-moi à m’assurer d’un traître. »

Ayant ainsi parlé, il mit sa main sur le collet du jeune homme et tira son épée. John Auchtermuchty accourut ; mais, voyant l’arme nue, il ressortit plus vite qu’il n’était entré. Keltie, l’hôte du logis, ne voulait se ranger d’aucun parti, et seulement il criait, « Messieurs ! messieurs ! pour l’amour du ciel ! » et autres exclamations pareilles. Un combat s’ensuivit, dans lequel le jeune homme, irrité de la hardiesse de Dryfesdale, et incapable de se débarrasser de la main vigoureuse du vieillard aussi aisément qu’il espérait, tira son poignard, et avec la promptitude de l’éclair, lui donna dans la poitrine et dans le corps trois coups, dont le plus faible était mortel. Le vieillard, faisant entendre un profond gémissement, tomba sur la terre, et l’hôte jeta un grand cri de surprise.

« Paix, chien hurleur ! » dit l’intendant blessé ; « les coups de poignard et les hommes mourants sont-ils de telles raretés en Écosse pour que vous poussiez des cris comme si la maison tombait ?… Jeune homme, je ne te pardonne pas, car il n’y a rien entre nous qui soit à pardonner. Tu as fait ce que j’ai fait à beau-