Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/423

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— Madame, répliqua Henri, je suis le sujet du trône de Votre Majesté, fils de l’homme le plus loyal d’Écosse ; nos biens, nos châteaux sont à vous : mais nous gardons notre honneur. J’en pourrais dire davantage ; mais…

— Eh bien, poursuivez, jeune présomptueux, dit la reine. À quoi sert que je sois délivrée de Lochleven, si je suis asservie sous le joug de mes prétendus libérateurs, et que je ne puisse rendre justice à celui qui a aussi bien mérité de moi que vous-même ?

— Ne vous irritez pas à cause de moi, noble souveraine, dit Roland ; ce jeune gentilhomme étant le fidèle serviteur de Votre Majesté et le frère de Catherine Seyton, ces considérations auront le pouvoir de calmer ma colère à l’instant où elle sera le plus violente.

— Je t’avertis encore une fois, » dit Henri Seyton avec hauteur, « que tes discours ne doivent pas faire penser que la fille de lord Seyton puisse être jamais pour toi autre chose que ce qu’elle est pour le dernier paysan d’Écosse. »

La reine allait encore s’interposer, car la rougeur de Roland rendait douteux que son amour pour Catherine pût réprimer la vivacité naturelle de son caractère ; mais l’arrivée d’une autre personne, qui jusqu’alors n’avait pas été aperçue, prévint cette intention. Il y avait dans l’oratoire une châsse séparée, fermée par un haut écran de chêne sculpté à jour, dans laquelle était placée une image de saint Bennet, qui était particulièrement révérée. Madeleine Græme sortit soudainement de cette retraite, où elle avait probablement été occupée à remplir ses dévotions, et s’adressant à Henri Seyton, pour répondre à ses dernières expressions offensantes : « Et de quelle terre sont donc faits ces Seyton, dit-elle, que le sang de Græme ne puisse aspirer à se mêler avec le leur ? Sachez, orgueilleux jeune homme, qu’en appelant ce jeune homme le fils de ma fille, j’affirme qu’il descend de Malise, comte de Strathern, surnommé Malise-le-Tison-Ardent ; et je ne crois pas que le sang de votre maison sorte d’une aussi noble source.

— Bonne mère, répliqua Seyton, il me semble que votre sainteté devrait vous mettre au-dessus de ces vanités mondaines ; et en vérité il paraît que vos occupations pieuses vous font oublier une chose importante : pour être de famille noble, le nom et le lignage du père doivent être aussi bien qualifiés que ceux de la mère.

— Et si je dis que, du côté de son père, il sort de la race d’A-