Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/426

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de plier les deux genoux : « Puissante princesse, dit-elle, regardez cette fleur ; elle a été trouvée par un bienfaisant étranger sur un champ de bataille sanglant, et bien des jours se passèrent avant que mes yeux inquiets eussent revu, que mes bras eussent pressé ce qui restait de ma fille unique. Pour vous et pour la foi sainte que nous professons tous deux, j’abandonnai cette plante, bien tendre encore, à la culture de mains étrangères, et même d’ennemis, par qui, peut-être, son sang aurait été versé comme du vin, si l’hérétique Glendinning avait su qu’il tenait dans sa maison l’héritier de Julien d’Avenel. Dès lors je ne l’ai plus revu, si ce n’est dans de rapides moments d’incertitude et de crainte ; et maintenant je me sépare de l’enfant de mon affection, je m’en sépare pour toujours !… oui… pour toujours !… Oh ! au nom de toutes les démarches que j’ai faites pour votre juste cause dans cette terre et sur les rives étrangères, accordez votre protection à l’enfant que je ne dois plus appeler le mien !

— Je vous jure, ma mère, » dit la reine, profondément affectée, « que pour vous et pour lui je me charge de sa fortune !

— Je vous remercie, fille des rois, » dit Madeleine ; et elle pressa de ses lèvres la main de la reine, et ensuite le front de son petit-fils : « Et maintenant, » dit-elle essuyant ses larmes et se relevant avec dignité, « maintenant que la terre a eu ce qui lui appartenait, le ciel réclame le reste. Lionne d’Écosse, marche et sois victorieuse ! et si les prières d’une femme qui t’est dévouée peuvent t’être utiles, elles s’élèveront dans beaucoup d’endroits lointains, consacrés par les reliques des bienheureux. J’irai, tel qu’un spectre, de terre en terre, de temple en temple ; et là où le nom de mon pays est inconnu, les prêtres demanderont qui est la reine de cette lointaine contrée du Nord, pour qui la vieille pèlerine prie avec tant de ferveur. Adieu ! Que l’honneur et la prospérité soient ton partage sur la terre, si telle est la volonté de Dieu ! sinon, puisse ta pénitence ici-bas assurer ton bonheur futur ! Que personne ne me parle, que personne ne me suive ; ma résolution est prise, mes vœux ne peuvent être violés. »

En parlant ainsi elle disparut, et son dernier regard se dirigea sur son petit-fils bien-aimé. Il se serait levé pour la suivre, mais la reine et lord Seyton l’en empêchèrent.

« Ne la tourmentez pas maintenant, dit lord Seyton, si vous ne voulez pas la perdre pour toujours. Nous avons revu bien des fois la sainte mère, et souvent dans les moments les plus diffici-