Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/438

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combat : cependant il avait soin de tenir les chemins hauts et ouverts et de regarder autour de lui avec précaution, de crainte de se laisser envelopper par un parti ennemi. Comme il approchait, le bruit du feu retentit de plus en plus à ses oreilles, les clameurs devinrent de plus en plus fortes, et il sentit ce violent battement de cœur, ce mélange de crainte naturelle, d’entraînante curiosité et d’inquiétude pénible qu’éprouve l’homme le plus brave lorsqu’il s’approche du théâtre d’une scène intéressante et pleine de danger.

Enfin Roland s’avança tellement près que, d’une hauteur voilée par des buissons et des bois taillis, il put distinguer l’endroit où le combat était le plus animé. C’était un chemin creux qui conduisait au village, et que l’avant-garde de la reine avait suivi lorsqu’elle s’avança avec plus de courage que de prudence pour s’emparer de ce poste important. Mais ces téméraires guerriers trouvèrent les enclos et les jardins occupés par l’ennemi, qui avait à sa tête le célèbre Kirkaldy Grange et le comte de Morton, et ils firent de grandes pertes en s’efforçant d’arriver jusqu’à leurs adversaires. Cependant, comme les partisans de la reine étaient la fleur des nobles et des barons, suivis de leurs parents et de leurs vassaux, ils avaient réussi à se porter en avant, méprisant les obstacles et le danger. Lorsque Roland arriva dans ce lieu, ils s’étaient rencontrés corps à corps avec les ennemis dans le défilé, et s’efforçaient de les faire déguerpir du village à la pointe de leurs lances, tandis que les protestants, également déterminés, gardaient leur avantage, luttant avec obstination pour repousser les assaillants.

Les deux partis se défendaient pied à pied, et pour ainsi dire corps à corps, de manière que les longues lances des hommes du premier rang avaient la pointe fixée sur le bouclier, le corselet, la cuirasse des combattants opposés : leur effort ressemblait à celui de deux taureaux qui, ajustant l’un contre l’autre leurs têtes monstrueuses, restent long-temps dans la même position, jusqu’à ce que la force supérieure ou l’opiniâtreté de l’un des deux contraigne l’autre à prendre la fuite, ou le précipite à terre. C’est ainsi que les pelotons opposés s’étaient, pour ainsi dire, enlacés d’une étreinte mortelle : ils s’ébranlaient lentement, tantôt en avant, tantôt en arrière, suivant le parti qui obtenait momentanément l’avantage : et la terre se jonchait de morts et de blessés, que foulaient indistinctement ennemis et amis. Ceux dont les