Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/54

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reculé devant le scalpel bienfaisant du chirurgien ; la brebis s’est enfuie de la bergerie et s’est livrée à la fureur du loup, parce qu’elle n’a pu tenir la conduite humble et paisible exigée de nous par le pasteur suprême. Ah ! mes frères, gardez-vous de la colère, gardez-vous de l’orgueil ; gardez-vous du péché mortel et destructeur qui se montre si souvent à nos faibles yeux paré des vêtements les plus brillants ! Qu’est-ce que notre honneur terrestre ? L’orgueil, et l’orgueil seulement. Que sont les dons de l’esprit et les grâces du corps dans ce monde ? Orgueil et vanité ! Les voyageurs parlent d’Indiens qui se parent de coquilles, se bariolent le corps de diverses couleurs, et qui sont aussi vains de leurs ridicules ajustements que nous le sommes de nos misérables avantages charnels. L’orgueil a pu précipiter l’étoile du matin du haut du ciel jusque sur le bord de l’abîme. C’est l’orgueil qui alluma l’épée flamboyante placée aux portes d’Éden ; c’est l’orgueil qui rendit Adam sujet à la mort et qui le fit errer péniblement sur la surface de la terre, dont il aurait été le maître ; c’est l’orgueil qui nous apporta le péché, l’orgueil qui double chaque péché apporté par lui. L’orgueil est l’avant-poste que le démon et la chair défendent avec la plus grande opiniâtreté contre les assauts de la grâce ; et jusqu’à ce qu’il soit emporté et rasé dans ses fondements, il y a plus à espérer d’un insensé que d’un pécheur. Arrachez donc de votre cœur ce rejeton maudit de la pomme fatale ; déracinez-le, fût-il entrelacé avec les liens de votre propre vie. Profitez de l’exemple du misérable pécheur qui nous a quittés et des moyens que vous offre la grâce, tandis qu’elle agit aujourd’hui, avant que votre conscience soit desséchée comme par le feu d’un tison ardent, que vos oreilles soient assourdies comme celles de la couleuvre, et que votre cœur soit endurci comme la meule du moulin. Levez-vous donc et agissez ; luttez et terrassez ; résistez, et l’ennemi fuira devant vous ; veillez et priez, de peur que vous ne succombiez à la tentation. Que la chute des autres soit pour vous un avertissement et un exemple. Surtout ne vous reposez point sur vous-mêmes ; car une pareille confiance est le symptôme le plus alarmant de la maladie elle-même. Le pharisien se croyait peut-être humble lorsqu’il s’abaissait dans le temple et qu’il remerciait Dieu de ce qu’il n’était pas comme les autres hommes, et particulièrement comme le publicain ; mais, tandis que ses genoux touchaient le pavé de marbre, sa tête s’élevait aussi haut que le pinacle du temple. Ne vous trompez donc point vous-mêmes, et n’offrez point