Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/69

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CHAPITRE VII.

le page et le fauconnier.


Lorsque j’ai une pièce de six sous sous mon pouce, alors j’ai crédit dans chaque ville, mais quand je suis pauvre, on me dit de passer. Oh ! la pauvreté divise des gens qui étaient bons compagnons.
Vieille chanson.


Tandis que le départ du page fournissait matière à la conversation que nous avons détaillée dans le dernier chapitre, le ci-devant favori était fort avancé dans son voyage solitaire, sans qu’il sût bien quel en était l’objet ni quel en serait le résultat probable. Il avait dirigé son esquif vers le côté du lac le plus éloigné du village, parce qu’il désirait échapper à l’observation des habitants. Son orgueil lui disait tout bas que, dans un état d’abandon, il ne serait pour eux qu’un objet de surprise et de compassion ; et sa générosité lui faisait craindre que le moindre sentiment d’intérêt que sa situation ferait naître ne fût représenté au château d’une manière défavorable. Un léger incident le convainquit bientôt qu’il avait peu à craindre pour ses amis sous ce dernier rapport. Il fut rencontré par un jeune homme plus âgé que lui de quelques années, et, qui, en d’autres circonstances, avait été trop heureux qu’il lui permît de l’accompagner à la chasse comme un subordonné. Ralph Fischer s’approcha pour le complimenter avec toute l’ardeur d’un protégé reconnaissant.

« Quoi ! monsieur Roland, vous dans ces campagnes sans faucon, sans lévrier !

— Faucon ni lévrier, dit Roland, n’entendront peut-être plus à l’avenir les sons de ma voix. J’ai été congédié, c’est-à-dire j’ai quitté le château. »

Ralph fut surpris de cette nouvelle. « Quoi ! ajouta-t-il, allez-vous passer au service du chevalier, et prendre la cuirasse et la lance ?

— Non certes, reprit Roland Græme, je quitte aujourd’hui et pour toujours le service d’Avenel.

— Et où allez-vous donc ? » demanda le jeune paysan.