Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/133

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— Je crois, mon bon monsieur, » dit le maréchal en baissant son marteau et en prenant un ton plus doux et plus soumis, « que, quand un pauvre homme fait sa besogne, il doit lui être permis de la faire à sa manière. Voire cheval est ferré et le maréchal payé ; qu’avez-vous de mieux à faire que de vous mettre en selle et de poursuivre votre route ?

— Vous êtes dans l’erreur, mon ami. Tout homme a le droit d’arracher le masque à un charlatan, à un imposteur ; et votre manière de vivre me fait soupçonner que vous êtes l’un et l’autre.

— Si vous êtes déterminé à me faire du mal, monsieur, je ne puis me sauver que par la force, et je ne voudrais pas l’employer contre vous, monsieur Tressilian ; non que je craigne votre épée, mais parce que je sais que, digne et excellent gentleman que vous êtes, vous aimeriez mieux assister un pauvre diable qui est dans le besoin que lui faire de la peine.

— Bravo ! Wayland, » dit l’enfant, qui attendait avec anxiété l’issue de la conférence ; « mais conduis-nous dans ton antre, car il ne serait pas sain pour toi de rester à discourir ainsi en plein air.

— Tu as raison, Lutin, » répondit le maréchal ; et se dirigeant vers le petit buisson du côté le plus voisin du cercle, et opposé à celui où sa pratique avait dû se cacher, il découvrit une trappe, dissimulée avec soin sous des broussailles, la leva, et s’enfonçant au sein de la terre, il disparut à leurs yeux. Tressilian, malgré sa curiosité, hésita un instant à le suivre dans un endroit qui pouvait être une caverne de voleurs, surtout quand il entendit la voix du maréchal, sortant des entrailles de la terre, crier : » Flibbertigibbet, descends le dernier, et aie soin de fermer la trappe.

— En avez-vous assez vu maintenant sur le compte de Wayland Smith ? « demanda le petit espiègle à Tressilian avec un rire moqueur, comme s’il eût remarqué l’hésitation de son compagnon.

« Pas encore, « dit Tressilian avec fermeté ; et surmontant son irrésolution momentanée, il descendit l’étroit escalier auquel conduisait la trappe, et fut suivi par Dickie Sludge, qui ferma la trappe derrière lui, et de la sorte intercepta le peu de lumière qui pouvait entrer. L’escalier n’avait qu’un petit nombre de marches, et aboutissait à une espèce de couloir long de quelques toises, à l’extrémité duquel on apercevait le reflet d’une lumière rouge et lugubre. Arrivé en cet endroit, Tressilian, qui avait mis l’épée à la main, trouva un détour sur la gauche, par lequel il pénétra, lui et le lutin qui le suivait de près, sous un petit caveau carré, con-