Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/430

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clier léger et solide à la fois et la courte épée à deux tranchants, dont l’usage les avait rendus les vainqueurs du monde. Les aigles romaines étaient portées devant eux par deux porte-étendards, qui récitaient un hymne à Mars, et les guerriers classiques suivaient du pas grave et majestueux d’hommes qui aspirent à la conquête de l’univers.

Le troisième quadrille représentait les Saxons, revêtus des peaux d’ours qu’ils avaient apportées avec eux des forêts de la Germanie, et tenant dans leurs mains ces redoutables haches d’armes qui firent tant de carnage parmi les naturels bretons. Ils étaient précédés de deux scaldes qui chantaient les louanges d’Odin.

Venaient enfin les chevaliers normands avec leurs cottes de mailles, leurs casques d’acier, et tout l’attirail de la chevalerie ; devant eux marchaient deux ménestrels qui chantaient la gloire des armes et l’amour des dames.

Ces quatre troupes entrèrent dans la vaste salle avec le plus grand ordre, chaque quadrille s’arrêtant un moment pour que les spectateurs pussent satisfaire leur curiosité. Ensuite ils marchèrent tous ensemble autour de la salle, afin de se déployer avec plus d’effet ; et enfin, faisant ranger derrière eux les porteurs de torches, ils formèrent plusieurs rangs des deux côtés de la salle, de telle sorte que les Romains en face des Bretons, et les Saxons en face des Normands, semblaient se regarder mutuellement avec des yeux de surprise, et parurent bientôt s’animer d’une fureur qu’ils exprimèrent par des gestes menaçants. Au moment où les éclats d’une musique guerrière se firent entendre de la galerie, les masques tirèrent leurs épées de tous côtés, et s’avancèrent l’un contre l’autre avec le pas mesuré d’une espèce de pyrrhique, ou danse militaire, frappant leurs armes contre le bouclier de leurs adversaires, et les croisant avec fracas lorsqu’ils se rencontraient dans les évolutions de la danse. C’était un spectacle très agréable que l’ordre et la régularité observés par ces différentes troupes au milieu de mouvements qui n’avaient rien de régulier, se mêlant et se séparant ensuite pour reprendre leurs places premières, suivant les variations de la musique.

Cette danse symbolique représentait les combats qui avaient eu lieu parmi les différentes nations qui avaient anciennement habité l’Angleterre.

À la fin, après plusieurs évolutions qui causèrent beaucoup de plaisir aux spectateurs les sons d’une bruyante trompette se firent