Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/469

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« Ma foi, madame, les femmes doivent obéir à leurs maris : telle est la loi de l’Écriture, dit Foster ; mais si vous voulez vous habiller, et venir avec nous sans faire résistance, personne ne vous touchera du bout du doigt tant que j’aurai la faculté de tirer un pistolet. »

Voyant qu’aucun secours n’arrivait, et un peu rassurée même par le langage bourru de Foster, la comtesse promit de se lever et de s’habiller s’ils voulaient se retirer de la chambre. Varney l’assura alors que son honneur et sa sûreté ne couraient aucun risque entre leurs mains, et lui promit même de ne pas l’approcher, puisque sa présence lui était désagréable. Son époux, ajouta-t-il, serait à Cumnor-Place vingt-quatre heures après leur arrivée.

Un peu consolée par cette assurance, quoiqu’elle ne vit pas beaucoup de raisons d’y compter, la malheureuse Amy fit sa toilette à la faible lueur de la lanterne qu’ils lui laissèrent en quittant l’appartement.

Tremblante, versant des pleurs, et adressant des prières au ciel, l’infortunée mit ses vêtements. Qu’elles étaient différentes, ses sensations, de celles qu’elle avait souvent éprouvées à se parer dans tout l’orgueil de sa beauté ! Elle essaya de faire durer sa toilette aussi long-temps que possible, jusqu’à ce que, effrayée de l’impatience de Varney, elle fut obligée de dire qu’elle était prête à les suivre.

Au moment où ils allaient partir, la comtesse s’attacha au bras de Foster avec un effroi si visible, causé par la présence de Varney, que ce dernier lui protesta avec serment qu’il n’avait aucune intention de s’approcher d’elle. « Si vous consentez seulement, dit-il, à obéir tranquillement à la volonté de votre mari, vous ne me verrez guère ; je vous laisserai aux soins de l’écuyer que vous avez le bon goût de me préférer.

— La volonté de mon mari ! s’écria-t-elle, mais c’est la volonté de Dieu, et cela doit me suffire. Je suivrai maître Foster avec aussi peu de résistance qu’une victime qui se laisse conduire volontairement au sacrifice : il est père, et s’il manque d’humanité, il respectera du moins la décence ; quant à toi, Varney, dussent ces paroles être les dernières que je dois prononcer, je te répète que tu es également étranger à toutes deux. »

Varney lui répondit seulement qu’elle était libre de choisir, et les précéda de quelques pas pour leur montrer le chemin, tandis que, moitié s’appuyant sur Foster, moitié portée par lui, la comtesse fut transportée de la tour de Saint-Lowe à la poterne, où Tider attendait avec la litière et les chevaux.