Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/473

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— Le repos la remettra, dit Varney ; elle dormira bientôt profondément et pour long-temps. Il faut réfléchir où nous la logerons.

— Dans son propre appartement, sans doute, dit Foster ; j’ai envoyé Jeannette chez sa tante, en lui faisant une bonne réprimande ; et quant aux vieilles femmes, elles sont la fidélité même ; car elles haïssent cordialement la jeune dame.

— Nous ne nous y fierons pas cependant, ami Antony, dit Varney ; il faut la mettre en sûreté dans cette forteresse où tu gardes ton or.

— Mon or ! » dit Antony fort alarmé ; « comment donc ? quel or ai-je ? Dieu m’assiste, je n’ai pas d’or ; plût au ciel que j’en eusse !

— Que Dieu te confonde, stupide animal ! qui songe à ton or ou s’en soucie ? Si c’était moi, ne pourrais-je pas trouver mille meilleurs moyens d’y arriver ? Bref, ta chambre à coucher, que tu as fortifiée si étrangement, doit lui servir de retraite ; et toi, vieux bouc, tu fouleras ses coussins de plume. Je parierais bien que le comte ne redemandera jamais le riche ameublement de ces quatre chambres. »

Cette dernière considération rendit Foster fort traitable. Il demanda seulement la permission de prendre les devants pour tout faire préparer ; et, donnant de l’éperon à son cheval, il galopa devant la litière, tandis que Varney, restant en arrière à environ soixante pas, continua d’être escorté par le seul Tider.

Lorsqu’ils arrivèrent à Cumnor-Place, la comtesse demanda Jeannette avec empressement, et montra beaucoup d’effroi en apprenant qu’elle ne devait plus compter sur les services ni sur la compagnie de cette aimable fille.

« Ma fille m’est chère, madame, dit Foster, et je n’ai aucun désir qu’elle prenne les vices de la cour, et apprenne à mentir et à faire des fugues ; elle n’en a déjà que trop appris, n’en déplaise à Votre Seigneurie. »

La comtesse, très fatiguée, et très épouvantée des circonstances qui avaient accompagné son voyage, ne fit pas de réponse à cette insolence, mais exprima avec douceur le désir de se retirer dans sa chambre.

« Oui, oui, murmura Foster, c’est juste ; mais, s’il vous plaît, vous n’irez pas vous coucher dans votre nouvel appartement, au milieu de tous vos brillants colifichets. Non, non, vous dormirez cette nuit sous meilleure garde.

— Je voudrais que ce fût dans la tombe, dit la comtesse, si la