Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/59

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répondre dans le désordre survenu en cette maison ? par ma conscience, je n’en sais rien. Il faut que quelque mauvais génie soit attaché aux talons de ce pendard de Lambourne ; et si, contre toute probabilité, il a échappé à la potence, ç’a été tout exprès pour venir ici causer ma perte.

— Paix ! monsieur, dit la jeune dame, et allez ouvrir la porte à votre maître. Milord ! mon cher lord ! » s’écria-t-elle en se précipitant à l’entrée de l’appartement ; puis elle ajouta avec un ton de désappointement marqué : « Dieu ! ce n’est que Richard Varney.

— Oui, madame, » dit Varney en entrant et saluant avec une respectueuse soumission la jeune dame, qui lui rendit son salut avec une insouciance mêlée de déplaisir ; « oui, ce n’est que Richard Varney ; mais le premier nuage même qui brille à l’orient est agréable, parce qu’il annonce l’approche du soleil.

— Hé bien ! milord vient-il ici ce soir ? « dit la jeune dame avec une joie qui n’était pas sans quelque crainte, et Antony Foster répéta la question. Varney répondit à la dame que milord se proposait de venir la voir, et il allait ajouter quelque compliment lorsque, courant à la porte du parloir, elle cria à haute voix : « Jeannette ! Jeannette ! vite à mon cabinet de toilette. » Puis revenant près de Varney, elle lui demanda si milord ne lui avait pas donné quelque commission pour elle.

« Cette lettre, madame, » dit-il en lui remettant un petit paquet entortillé d’un fil de soie écarlate, « et avec elle un présent à la reine de ses affections. » La jeune dame, avec la vivacité d’un enfant, essaya de dénouer le lien de soie qui entourait cet envoi ; ne pouvant y réussir, elle appela de nouveau Jeannette : « Apportez-moi un couteau, des ciseaux… quelque chose qui puisse faire sauter ce nœud jaloux.

— Mon petit poignard ne peut-il faire votre affaire, madame ? » dit Varney en lui présentant une dague d’un travail exquis qui était suspendue à son ceinturon de cuir de Turquie.

« Non, monsieur, » répondit la jeune dame en repoussant l’instrument qui lui était offert, « votre poignard ne coupera pas mon nœud d’amour.

— Il en a coupé bien d’autres, » dit Foster à demi-voix, en regardant Varney.

Cependant le nœud fut dénoué sans autre secours que les doigts habiles et délicats de Jeannette, jeune et jolie personne, fille de Foster, qui était accourue à la voix de sa maîtresse. Un collier de