Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/7

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INTRODUCTION


MISE EN SCÈNE DE LA NOUVELLE ÉDITION D’ÉDIMBOURG.


L’espèce de succès plus ou moins mérité que l’auteur avait obtenu dans l’esquisse du portrait de la reine Marie Stuart[1], a tout naturellement déterminé l’essai d’une peinture analogue de sa royale sœur et ennemie, la célèbre Élisabeth. Je ne prétendrai point cependant avoir aussi bien réussi à exprimer les mêmes sentiments, car le candide historien Robertson reconnaît avoir éprouvé les préjugés sous l’empire desquels un Écossais tout d’abord est tenté de considérer le sujet ; et ce qu’un écrivain si libéral avoue, un pauvre romancier ne peut le dénier. Mais j’espère que l’influence d’un préjugé national, influence aussi naturelle à un indigène que l’air de son pays, ne sera point regardée comme ayant affecté grandement l’image que j’ai voulu tracer de l’Élisabeth d’Angleterre. J’ai tâché de la peindre à la fois comme une souveraine altière et à grandes pensées, et comme une femme à sentiments ardents, balançant quelquefois entre la conscience de son rang et de son devoir envers ses sujets, et l’attachement qu’elle portait à un homme de haut lignage, qui du moins par ses qualités extérieures méritait amplement la faveur d’une reine. L’intérêt de l’histoire se répand sur cette période au moment où la mort soudaine de la première comtesse de Leicester parut offrir à l’ambition de son époux l’occasion de partager la couronne avec sa souveraine.

Il est possible que la médisance, qui bien rarement épargne la mémoire des personnes d’un rang élevé, ait noirci le caractère de Leicester, et l’ait chargé de couleurs plus sombres que réellement il ne lui en appartenait. Mais la voix publique à cette époque attacha les plus graves soupçons à la mort de l’infortunée comtesse, d’autant plus que cette mort était arrivée fort à propos pour laisser le champ libre à Leicester, et lui permettre de satisfaire son ambition. Si nous ajoutons foi à l’ouvrage d’Ashmole sur les antiquités du Berkshire, il n’y eut que trop de motifs de croire aux traditions qui accusent Leicester du meurtre de sa femme. Le passage suivant montrera au lecteur le fondement sur lequel j’ai appuyé l’histoire de mon roman :

  1. Voir les romans du Monastère et de l’Abbé, A. M.