Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/169

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ler comme un héros. — Comme un fou, je pense, » dit Magnus Troil dont l’attention avait été aussi attirée par la véhémence du petit barde… « Où croiserions-nous, et contre qui ? nous sommes tous sujets d’un seul royaume, j’imagine. N’oubiiez pas, je vous prie, que votre voyage pourrait vous conduire à la place des exécutions… Je n’aime pas les Écossais pardon, monsieur Yellowley… c’est-à-dire, je les aimerais assez s’ils voulaient rester tranquilles dans leur pays, et nous laisser en paix dans le nôtre, sans troubler nos usages et nos habitudes. S’ils voulaient seulement demeurer en Écosse jusqu’à ce que j’allasse les attaquer comme un vieux Berserkar, ils pourraient rester en repos jusqu’au jour du jugement dernier. Avec les biens que la mer nous envoie et que la terre nous prête, comme dit le proverbe, et une compagnie d’honnêtes voisins pour nous aider à les consommer, me protège saint Magnus, si je ne pense que nous sommes encore trop heureux ! — Je connais la guerre, dit un vieillard, et j’aimerais mieux traverser le roost de Sumburgh dans une coquille d’œuf, ou dans quelque barque plus frêle, que de courir encore les hasards des combats. — Et je vous prie, à quelles guerres a brillé votre valeur ? » demanda Halcro qui, ne voulant pas contredire son hôte, par bienséance, n’était pas disposé cependant à abandonner son argument.

« Je fus pressé…, répondit le vieux triton, pour servir sous Montrose quand il aborda ici en 1631, et emmena une bonne cargaison de Shetlandais, bon gré mal gré, pour leur faire couper la gorge dans les déserts de Strathnavern… Je ne l’oublierai jamais… Ce ne fut pas sans peine que nous réussîmes à trouver des vivres… Que n’aurais-je pas donné pour une tranche de bœuf rôtie à Burgh-Westra… pour une poignée de sillocks marines ! Nos montagnards amenèrent un friand troupeau de siloes[1]. Nous ne fîmes pas beaucoup de cérémonie : nous les eûmes bientôt tués, assommés, dépouillés ; puis nous les fîmes rôtir et bouillir, chacun s’arrangeant de son mieux, lorsque, au moment même où nous commencions à nous graisser la moustache, nous entendîmes… Dieu nous protège !… un galop de cheval, puis deux ou trois coups de fusil, puis une décharge complète… et puis, tandis que les officiers nous criaient de rester fermes, mais que la plupart d’entre nous regardaient par où il était possible de fuir, cavaliers et fantassins tombèrent sur nous avec le vieux John Urry ou Hurry, n’importe le

  1. Petits bœufs des montagnes d’Écosse. a. m.