Skudler, ou chef de la bande. En ces occasions, plein de gaîté et d’allégresse, il conduisait sa troupe de maison en maison, semant partout la joie sur son passage, et laissant des regrets en partant. Mordaunt devint ainsi généralement connu, et aussi généralement aimé de la plupart des familles qui comptaient la patriarcale communauté de Main-Isle ; mais ses visites étaient et plus fréquentes, et plus attrayantes pour lui au château du seigneur et patron de son père, Magnus Troil.
Ce n’était pas seulement le cordial et sincère accueil du digne vieux magnat, ni la conviction que Magnus était réellement le protecteur de son père, qui occasionnaient ses fréquentes visites ; la poignée de main de la bienvenue était sans doute reçue avec autant d’ardeur que sincèrement donnée, lorsque l’ancien udaller se levant de son large fauteuil dont le dedans était doublé en cuir de veau marin soigneusement travaillé, et le dehors fait de chêne massif sculpté par le ciseau peu habile d’un charpentier de Hambourg, lançait son bonjour d’un ton qui aurait pu autrefois annoncer le retour d’Ioul[1], la plus fameuse fête des Goths. Il y avait encore un aimant plus puissant, et de plus jeunes cœurs dont le salut, s’il était moins bruyant, était aussi sincère que celui du joyeux udaller. Mais c’est un sujet qu’il ne faut point entamer à la fin d’un chapitre.
CHAPITRE III.
les deux sœurs.
Nous avons déjà parlé de Minna et Brenda, les filles de Magnus Troil. Leur mère était morte depuis plusieurs années, et les deux sœurs étaient alors charmantes ; l’aînée était âgée de dix-neuf ans, et pouvait avoir une ou deux années de plus que Mordaunt Mertoun ; la cadette avait dix-sept ans environ… Elles étaient la joie du cœur de leur père et la lumière de ses vieux yeux ; et quoique assez libres pour mettre en danger leur propre tranquillité et la
- ↑ La Noël. a. m.