Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/354

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bâton ; et se frayant un passage jusqu’à Cleveland, ils l’eurent bientôt arraché aux mains des officiers de police, qui n’étaient nullement préparés à repousser une attaque si furieuse et si soudaine. Les pirates emmenèrent Cleveland en triomphe vers le quai : deux ou trois d’entre eux se retournaient de temps à autre pour faire reculer la populace dont les efforts pour reprendre le prisonnier étaient d’autant moins impétueux que les marins étaient armés de sabres et de pistolets aussi bien que des armes moins meurtrières dont ils avaient seulement fait usage jusqu’à ce moment.

Ils regagnèrent leur barque en sûreté, et y sautèrent avec Cleveland, à qui les circonstances ne semblaient pas offrir d’autre asile ; les vainqueurs se mirent à ramer vers leur vaisseau, en chantant, pour accompagner le bruit des rames, une vieille chanson dont les habitants de Kirkwall purent seulement entendre le premier couplet.


Ainsi le pirate
Au péril éclate :
Drapeau noir, morbleu ;
Abaissez le bleu.

Décharge infernale,
À la proue, au pont,
Aux haubans, au front,
Et même à la cale.


Le chœur sauvage de leurs voix se fit encore entendre longtemps après que les paroles eurent cessé d’être intelligibles… Et ainsi le capitaine Cleveland se trouva rejeté, presque malgré lui, au milieu des terribles compagnons dont il avait si souvent résolu de se séparer.




CHAPITRE XXXIII.

la mère.


L’amour maternel, mon ami, est plus puissant que la sagesse ; c’est le charme qui, comme l’appât du fauconnier, peut ramener du haut des cieux les génies dont l’essor est le plus superbe… Ainsi, quand le fameux Prospera quitta sa robe magique, ce fut Mironda qui l’enleva de ses épaules.
Vieille Comédie.


Notre histoire, dont le théâtre change si souvent, doit à présent revenir à Mordaunt Mertoun. Nous la vous laissé dans la situa-