Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

regis, il le sera… Mais comment trouver cet argent ? voilà le point difficile… il faut faire une tentative dans la Cité, Geordie. — Pour dire la vérité, répondit Heriot, n’en déplaise à Votre gracieuse Majesté, à force de prêts, de dons volontaires et de subsides, la Cité, en ce moment… — Ne me dites pas ce qu’est la Cité en ce moment, interrompit le roi Jacques… notre échiquier est aussi sec que les sermons du doyen Gilles sur les psaumes de la pénitence… ex nihilo nihil fit. Ce serait vouloir prendre les culottes d’un montagnard… Ceux qui viennent me demander de l’argent devraient m’apprendre comment on fait pour s’en procurer… Il faut que la Cité fasse un effort, Heriot, et ne croyez pas que ce soit pour rien qu’on vous a surnommé Geordie Tintin… In verbo regis, je paierai ce jeune homme si vous me procurez un emprunt ; je ne marchanderai pas sur les conditions, et à nous deux nous sauverons l’ancienne baronnie de Glenvarloch… Mais pourquoi le jeune lord ne vient-il pas à la cour, Heriot… Est-il bien fait ? est-il présentable ? — On ne peut l’être davantage, reprit Heriot… mais… — Oui-da, je vous entends, dit le roi ; je vous entends… Res angusta domi, le pauvre garçon, pauvre garçon ! et son père qui avait le cœur d’un bon et loyal Écossais, quoiqu’un peu entêté de certaines opinions… Écoutez, Heriot, faites remettre 200 livres sterling au jeune homme pour qu’il puisse s’équiper… Et tenez, » ajouta-t-il en ôtant la chaîne de rubis de son vieux chapeau, « vous avez déjà pris ces bijoux en gage pour une plus grosse somme, vieux Lévite que vous êtes… gardez les en garantie jusqu’à ce que je vous rembourse cet argent sur le premier subside. — Plairait-il à Votre Majesté de me donner cet ordre par écrit ? » demanda le prudent bourgeois.

« Au diable vos scrupules, George ! s’écria le roi ; vous êtes aussi pointilleux qu’un puritain sur la forme, et un vrai nullifidien jusque dans la moelle des os… La parole d’un roi ne peut-elle vous suffire pour avancer 200 misérables livres sterling ? — Sans doute, sire ; mais non pas pour retenir les joyaux de la couronne, » répondit Heriot.

Et le roi, qu’une longue expérience avait accoutumé à traiter avec des créanciers soupçonneux, écrivit un ordre à George Heriot, son bien-aimé orfèvre-joaillier, de payer présentement à Nigel Olifaunt, lord de Glenvarloch, la somme de 200 livres sterling, laquelle somme serait jointe aux autres sommes dues par la couronne audit Heriot. L’ordre portait en outre que, comme