Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pièce, comme nous l’apprend la dédicace au comte de Dorset et de Middlesex, réussit au-delà des espérances de l’auteur. « Depuis plusieurs années, dit-il, aucune comédie n’avait attiré la foule pendant si long-temps. J’avais le grand honneur, continue Shadwell, de trouver tant d’amis que la salle n’avait jamais été si pleine depuis qu’elle était construite, comme elle le fut à la troisième représentation. Un grand nombre de personnes ne purent trouver place et se retirèrent[1]. » L’auteur a puisé quelques idées dans l’Écuyer de l’Alsace. Il s’en est servi pour connaître les termes dont les bandits et les filous du sanctuaire étaient convenus de se servir avec leurs voisins, les ardents jeunes étudiants du Temple, dont on trouve quelque peinture dans la pièce dramatique.

Tels sont les matériaux que l’auteur a mis à contribution pour sa composition des Aventures de Nigel, roman peut-être au nombre de ceux qui sont plus amusants à une seconde lecture qu’à une première, où l’on prend connaissance d’une histoire dont les incidents sont peu frappants et en petit nombre.

L’Épître d’introduction est écrite, comme dit Lucio, selon la pièce, et n’aurait jamais paru si l’écrivain avait pensé qu’il avouerait un jour son ouvrage. C’est le privilège de l’incognito de dissimuler sa voix ou de revêtir un autre caractère, et l’auteur a pris, dans son déguisement, quelques libertés du même genre. Tandis qu’il continue à parler des différentes excuses contenues dans l’Introduction, le présent aveu en tiendra lieu pour les manières libres et dégagées qu’il a prises et qu’il regarderait comme la violation des règles de la politesse et du bon goût, s’il n’avait voulu conserver le voile de l’anonyme.


Abbotsford, ce 1er juillet 1851.


Shadwell, cousin de Bedford, après avoir été ruiné par Cheatly, tend des pièges aux autres et n’ose sortir de l’Alsace, où il vivait. Il est lié avec Cheatly pour ruiner les héritiers et mène une vie dissolue et débauchée.

Le capitaine Hachum, stupide bretteur de l’Alsace, poltron, tapageur, impudent, autrefois sergent dans les Flandres, avait quitté son drapeau et s’était retiré dans Whitefriars pour quelques légères dettes. Les Alsaciens lui conférèrent le titre de capitaine ; il se maria avec une loueuse d’appartements, qui vend de l’eau de cerises et par-dessus tient une maison de prostitution.

Scrapeall, un hypocrite bavard, qui prie et psalmodie ; ses mœurs sont régulières et il prétend à une grande piété : c’est un pieux fripon qui se joint à Cheatly et subvient aux besoins d’argent des jeunes héritiers. (Dramatis personæ of the Squire of Alsatia, Œuvres de Shadwell, vol. IV.)

  1. Dédicace à l’écuyer de l’Alsace, Œuvres de Shadwell, vol. IV.