Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/155

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sédé du domaine par le nouveau prêteur que par le détenteur actuel de l’hypothèque. »

Le bourgeois se mit à rire. « Je prends l’engagement, dit-il, que le plus déterminé chasseur auquel je puisse m’adresser dans cette occasion ne portera pas ses pensées plus loin que le rendez-vous de chasse du lord-maire dans la forêt d’Epping. Mais la réflexion de Votre Seigneurie est juste : il faut que le créancier s’engage à laisser à lord Glenvarloch un temps suffisant pour qu’il puisse racheter son domaine au moyen du mandat sur la trésorerie d’Écosse donné par le roi ; il faudra aussi qu’il renonce à profiter du terme prochain, ce qui, je crois, peut se faire d’autant plus facilement que le remboursement actuel doit avoir lieu au nom même de lord Glenvarloch. — Mais où trouverons-nous à Londres une personne capable de dresser les actes nécessaires ? demanda le comte. Si mon vieil ami sir John Skene de Halyards eût vécu, nous aurions pu prendre son avis ; mais le temps presse, et… — Je connais, dit Heriot, un orphelin qui fait le métier d’écrivain auprès de Temple-Bar. Il sait dresser des actes d’après la coutume d’Angleterre et d’Écosse, et je me suis souvent fié à lui dans des affaires de poids et d’importance. Je l’enverrai chercher par un de mes domestiques, et les actes respectifs peuvent être rédigés en présence de Votre Seigneurie ; car dans l’état des choses il ne faut pas perdre de temps. » Le comte y donna son assentiment, et comme ils étaient arrivés au pied de l’escalier particulier qui conduisait du bord de la rivière à l’hôtel habité par le vieux lord, le messager fut expédié sans délai.

Nigel, qui était resté silencieux et confondu pendant que ces amis zélés s’occupaient ainsi des mesures qui devaient dégager sa fortune, fit alors une autre tentative pour leur exprimer ses remercîments et sa reconnaissance ; mais il fut de nouveau réduit au silence par lord Huntinglen, qui déclara qu’il ne voulait pas entendre un mot à ce sujet, et proposa de faire un tour dans les allées du jardin, ou de s’asseoir sur le banc de pierre qui dominait la Tamise, jusqu’à ce que l’arrivée de son fils donnât le signal du dîner.

« Je désire faire faire à Dalgarno la connaissance de lord Glenvarloch, dit le comte ; ils doivent être proches voisins, et je me flatte qu’ils vivront en meilleure intelligence que leurs ancêtres. Il n’y a que trois milles d’Écosse entre les deux châteaux, et les tourelles de l’un sont visibles du haut des remparts de l’autre.