Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/237

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à lui que je vais présenter tout à l’heure Votre Seigneurie pour qu’il l’admette aux privilèges des Alsaciens et lui assigne un lieu de résidence. — Son autorité s’étend-elle jusque-là ? demanda lord Glenvarloch. — Le conseil regarde ce droit comme un de ses principaux privilèges, milord, répondit Lowestoffe, et dans le fait c’est un des moyens les plus puissants qu’il ait de soutenir son autorité ; car lorsque le duc Hildebrod et son sénat s’aperçoivent que quelqu’un des principaux maîtres de maison de White-Friars commence à devenir mécontent et factieux, ils n’ont qu’à lui assigner pour locataire un gras banqueroutier ou un nouveau résident que ses affaires obligent à se réfugier parmi eux, et dont la bourse est en état de supporter certains frais, et le mécontent devient doux comme un mouton. Quant aux plus pauvres réfugiés, on les laisse s’arranger comme ils peuvent : seulement ils sont tenus de se faire inscrire sur les registres du duc et de payer un droit d’entrée conforme à leurs moyens. Le sanctuaire de White-Friars serait une résidence très-peu sûre pour quiconque oserait contester ces points de juridiction… — Fort bien, maître Lovestoffe ; je suis obligé de céder à la force des circonstances qui me prescrivent de me cacher ainsi ; mais vous concevez bien que je ne désirerais pas qu’on sût mon nom et mon rang. — Il sera fort convenable de le cacher, milord, et c’est un cas que les statuts de la république, ou monarchie, ou enfin tout ce que vous voudrez l’appeler, ont ainsi prévu… Celui qui désire qu’on ne lui fasse aucune question sur son nom, sur l’affaire qui l’oblige à se cacher, etc., peut échapper aux interrogations ordinaires en payant un droit d’entrée double. Après avoir satisfait à cette stipulation importante, Votre Seigneurie peut s’inscrire, s’il lui plaît, roi de Bantam, car on ne lui fera pas une question. Mais voici notre éclaireur qui nous rapporte la nouvelle du rétablissement de la paix et de la tranquilité… Je vais accompagner moi-même Votre Seigneurie et la présenter au conseil d’Alsace, avec toute l’influence que j’y puis avoir comme un des dignitaires du Temple, et je vous assure qu’elle n’est pas médiocre ; car les Alsaciens n’ont volé que d’une aile toutes les fois que nous avons pris parti contre eux, et ils le savent bien. Le moment est propice ; le conseil est maintenant assemblé dans l’Alsace, et les allées du Temple sont désertes. Milord, jetez votre manteau sur vous afin de cacher votre extérieur pour le moment ; vous le remettrez au garçon quand nous serons au pied de l’escalier qui conduit au