Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/296

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lement l’énigme de cette dame. — La devine qui voudra : je ne me mêle jamais de ce qui ne me regarde point. Maître Heriot est un brave et digne marchand, l’honneur de la ville de Londres, et il a le droit de faire chez lui ce qu’il veut. On parlait un jour (c’était le 5 novembre de l’année dernière) d’assembler la populace devant sa maison, parce qu’il y tenait un couvent, disait-on, comme lady Foljambe ; mais maître George est fort aimé des apprentis, et nous reçûmes le renfort d’un si grand nombre de vigoureux gaillards, que nous aurions eu bientôt dissipé la populace si elle avait osé se soulever. — Eh bien ! laissez cela, et dites-moi maintenant quel moyen vous trouverez pour vous absenter de la boutique un jour ou deux, car il faut bien ce temps pour exécuter cette entreprise. — Ma foi, quant à cela, je ne puis vous répondre ; jusqu’à présent j’ai toujours fait mon devoir exactement, et je n’ai pas le cœur de faire l’école buissonnière et de frustrer le maître de mon temps comme de son argent. — Le point important est qu’il rattrape son argent ; car sans cette affaire il risque de ne le revoir jamais. Ne pourriez-vous pas demander la permission d’aller voir votre oncle dans le comté d’Essex pendant deux ou trois jours ; il pourrait être malade, vous savez… — Allons, s’il le faut, j’en passerai par là, » dit Jenkin en poussant un profond soupir ; « mais on ne me reprendra plus à suivre ces voies sombres et tortueuses. — Chut ! n’en parlons plus, interrompit Ursule ; allez demander la permission pour ce soir même ; quand vous reviendrez, je vous dirai ce que vous avez à faire… Arrêtez, arrêtez ! le pauvre garçon est fou ! Est-ce que vous voudriez rentrer sous ce costume dans la boutique de votre maître ? Votre malle est dans la chambre d’à côté avec vos habits d’apprenti, allez vite les revêtir. — Il faut que je sois ensorcelé, dit Jenkin, ou que ces livrées de la folie aient fait de moi un aussi grand âne que certains personnages à qui je les vois porter. Mais une fois débarrassé de ces harnais, si vous me rattrapez à les reprendre, je vous permets de me vendre à une bande d’Égyptiens pour porter des pots, des marmites et les marmots de la troupe tout le reste de ma vie. »

En parlant ainsi, il alla changer de vêtements.