Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/300

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« Hem ! hem ! hem ! qui est là ? hem ! hem ! qui est là, encore une fois ? Martha ! hem ! hem !… Eh ! Martha Traphois ! il y a des voleurs dans la maison et ils ne veulent pas répondre… Martha ! Martha ! des voleurs ! des voleurs ! hem ! hem ! hem ! hem ! »

Nigel essaya de s’expliquer ; mais l’idée de voleur avait tellement pris possession de la tête du vieillard, qu’il continua de tousser et de crier, de crier et de tousser, jusqu’à ce que la gracieuse Martha entrât dans l’appartement. Elle se mit d’abord à crier plus fort que lui pour l’assurer qu’il n’y avait pas de danger, et que la personne qu’il avait entendue était leur nouveau locataire ; et après que son père se fut écrié plusieurs fois : « tenez-le bien ! hem ! hem ! tenez-le ferme jusqu’à ce que je vienne ! » elle réussit enfin à apaiser ses craintes et ses cris, et demanda ensuite d’un ton froid et sec à lord Glenvarloch ce qu’il cherchait dans l’appartement de son père.

Celui-ci avait eu, pendant ce temps, le loisir de contempler son hôtesse, ce qui ne contribua en aucune façon à lui en donner une idée plus favorable que celle qu’il en avait prise à la lumière. Elle portait ce qu’on appelait alors la fraise et le vertugadin de la reine Marie, non pas cette fraise rabattue avec laquelle on peint ordinairement l’infortunée Marie d’Écosse, mais celle qui, avec une roideur plus qu’espagnole, entourait le cou et faisait ressortir la figure morose de la fanatique Marie de sanglante mémoire. Ce costume antique était tout-à-fait en harmonie avec le teint fané, les yeux gris, les lèvres minces et la figure austère de la vieille fille ; en outre elle portait un capuchon noir qui lui servait de coiffure : ce capuchon était soigneusement arrangé de façon à ne pas laisser voir un seul cheveu, probablement parce que la simplicité du siècle ne connaissait pas l’art de déguiser la couleur grisonnante que le temps leur avait donnée. Sa taille était haute, maigre et plate, ses bras et ses mains décharnés ; et ses pieds, de la plus grande dimension, étaient encaissés dans d’énormes souliers à talons, qui augmentaient encore la hauteur d’une taille déjà disproportionnée. Le tailleur paraissait avoir voulu recourir à l’art pour cacher un léger défaut de conformation, occasionné par la saillie d’une de ses épaules sur l’autre ; mais les louables efforts de l’ingénieux artiste n’avaient servi qu’à attirer l’attention de l’observateur sur son charitable dessein, sans qu’il eût trouvé le moyen de l’accomplir.

Telle était miss Martha Traphois. D’un ton encore plus sec,