Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/307

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C’est, Monsieur, parce que le gentilhomme s’est fait renfermer là, pour avoir, dit-on, par excès de bon cœur, brûlé ses doigts en les trempant dans la soupe d’un autre. »

Nigel arracha des mains du commissionnaire la lettre qu’il tenait, l’ouvrit précipitamment, et y ajouta qu’il priait instamment son nouvel ami de lui faire connaître la cause de sa captivité ; que si elle était occasionnée par sa malheureuse affaire, elle serait de courte durée, puisque, avant même de connaître un événement qui exigeait si impérieusement qu’il se constituât prisonnier, il avait résolu de prendre ce parti comme le plus noble et le seul convenable qui lui fût laissé par son imprudence et sa mauvaise fortune. Il conjurait donc M. Lowestoffe de ne pas à ce sujet suivre l’impulsion d’une délicatesse excessive ; mais, puisque sa résolution de se livrer était un sacrifice qu’il avait cru devoir à son propre caractère, de lui dire franchement de quelle manière il pouvait en exécutant ce projet obtenir la libération de son ami Lowestoffe, dont il craignait que la réclusion ne fût occasionnée par le généreux intérêt qu’il avait pris à ses affaires. Il finissait sa lettre en le prévenant qu’il espérait recevoir de ses nouvelles avant vingt-quatre heures ; que, ce délai écoulé, il était résolu à exécuter son dessein. Il remit ensuite sa lettre au commissionnaire, et lui commanda de la porter sans délai à maître Lowestoffe, en appuyant sa recommandation d’une pièce de monnaie.

« Je… je la porterai moi-même, dit le vieil usurier, pour moitié prix. »

L’homme, qui entendit cette proposition de le supplanter et de lui enlever son salaire, empocha l’argent sans perdre de temps, et partit pour remplir sa commission avec toute la vitesse dont il était capable.

« M. Thaphois, » dit Nigel en s’adressant au vieillard avec un peu d’impatience, « avez-vous quelque chose de particulier à me dire ? — Je… je… j’étais venu voir si vous avez bien reposé, dit le vieil avare, et si je pouvais faire quelque chose pour vous moyennant une certaine con-si-dé-ra-ti-on. — Je vous remercie, monsieur, » répondit lord Glenvarloch. Avant qu’il en pût dire davantage, un pas lourd se fit entendre sur l’escalier.

« Mon Dieu ! » dit le vieillard en tressaillant, » Dorothée ! fermez ; Martha ! ma fille ! fermez les verrous : femmes, vous dis-je, la porte est restée ouverte. »

La porte de la chambre s’ouvrit toute grande, et l’on vit entrer