Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/468

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« Cet amour, dit-il, n’est qu’un enfantillage pour un jeune homme éveillé comme vous l’êtes, maître Jenkin ; et s’il vous faut un minois de fantaisie (quoique je croie qu’il vous serait plus sûr de vous attacher à une femme mûre et solide), il ne manque pas à Londres de filles qui valent bien Paggy Ramsay. Vous n’avez que faire de soupirer profondément, car ce que je dis là est bien vrai. Il y a encore de beaux poissons dans la mer après ceux qui en sont sortis. Vous, qui êtes un jeune drôle, le plus éveillé et le plus actif que le soleil puisse jamais éclairer, pourquoi restez-vous là ainsi à rêver, et que ne cherchez-vous quelque moyen hardi pour améliorer votre sort ? — Je vous le répète, maître Moniplies, je suis aussi pauvre qu’aucun Écossais parmi vous ; j’ai rompu mon apprentissage et je ne pense plus qu’à courir le pays. — Non, cela ne doit pas être ainsi… Je ne sais que trop bien, par une dure expérience, que la pauvreté ôte le courage, et que l’homme qui a ses culottes déchirées n’aime pas à bouger de son siège ; mais patience, mon brave, tu m’as servi jusqu’ici, et je te servirai à mon tour. Si tu veux seulement me faire parler à ce même capitaine, ce sera la meilleure œuvre que tu aies jamais faite. — Je devine où vous en voulez venir, maître Richard… Vous voudriez sauver la longue bourse de votre compatriote. Je ne vois pas quel avantage j’en retirerai, mais peu m’importe de prendre part à cette affaire. Je hais ce fanfaron, ce féroce et lâche tapageur. Et si vous pouvez me procurer un cheval, je ne me refuserai pas de vous mener où on m’a dit que je devais le trouver… Mais il faut en courir la chance, car, bien qu’il soit lui-même un poltron, je sais qu’il aura plus d’un vigoureux gaillard pour le défendre. — Nous aurons un mandat, ami, dit Richie, et nous avons pour nous la force publique par-dessus le marché. — Il n’en sera rien si je dois aller avec vous ; je ne suis pas homme à livrer personne au bourreau. Nous ne devons avoir recours qu’à notre courage. Je suis prêt à me battre tant qu’on voudra ; mais je ne veux pas vendre la vie d’un autre. — Eh bien ! il est impossible de convaincre un entêté ; pensez que je suis né dans un pays où les écus rognés se trouvent en plus grande abondance que les bons. D’ailleurs j’ai ici deux nobles amis, maître Lowestoffe du Temple, et son cousin maître Ringwood, qui feront également partie d’une si brave réunion. — Lowestoffe et Ringwood ! dit Jenkin, ce sont deux braves… et une compagnie sûre. Savez-vous où on peut les trouver ? — Ah !