Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est en tête. Le lion a posé sa griffe sur un des coins de notre vieil écusson écossais maintenant, mais il me semble qu’il ne valait pas moins quand il était supporté par une licorne de chaque côté. »

Lord Nigel lut la proclamation, et la rougeur de la honte et de l’indignation lui couvrit le visage ; car le contenu produisit sur son esprit irrité le même effet que ferait sur une blessure récente de l’esprit-de-vin enflammé.

« Que diable y a-t-il dans ce papier, milord ? » dit Richie ne pouvant contenir plus long-temps sa curiosité en voyant son maître changer de couleur. « Je ne ferais pas une telle question, si ce n’est qu’une proclamation n’est pas une chose secrète, mais qu’elle est faite pour être connue de tout le monde. — Effectivement, elle est faite pour être connue de tout le monde, dit lord Nigel, et elle atteste la honte de notre pays et l’ingratitude de notre roi. — Maintenant que le ciel ait pitié de nous ! et la publier à Londres encore ! s’écria Moniplies. — Écoutez, Richie, dit Nigel Olifaunt ; dans ce papier, les lords du conseil donnent à connaître que : « Considérant qu’une foule de fainéants de basse extraction arrivent du royaume d’Écosse de Sa Majesté à sa cour d’Angleterre, qu’ils l’assiègent de leurs suppliques et de leurs pétitions, qu’ils sont une honte pour la personne royale, en exposant ainsi leur bassesse et leur misère, et déshonorent leur pays aux yeux des Anglais ; ces présentes sont pour défendre aux patrons, maîtres de bâtiments et autres, dans toutes les parties de l’Écosse, de prendre à bord et d’amener à la cour d’aussi misérables individus, sous peine d’amende et d’emprisonnement. »

— Je m’étonne que le patron nous ait pris à bord, s’écria Richie.

— Mais, en revanche, vous ne serez pas embarrassé pour vous en retourner, reprit lord Nigel, car voici une clause qui dit que ces misérables solliciteurs seront transportés en Écosse aux frais de Sa Majesté, et punis de leur audace par les étrivières ou la prison, suivant qu’ils l’auront mérité c’est-à-dire, je suppose, suivant le degré de leur pauvreté, car je ne vois pas d’autre crime spécifié. — Ceci, dit Richie, ne cadre guère avec notre vieux proverbe :


D’un roi quand on voit la face,
C’est l’annonce d’une grâce[1].

  1. Proverbe anglais :
    A king’s face
    Should give grace. a. m.