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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/74

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peut être plus modéré et plus respectueux… Est-il possible que le roi ait pu traiter cette pétition avec tant de mépris ? — Il l’a jetée par terre sans l’achever, dit le lord Glenvarloch, et m’a envoyé pour réponse cette proclamation, dans laquelle il me met au nombre des pauvres et des mendiants qui viennent d’Écosse déshonorer sa cour aux yeux des fiers Anglais… Voilà tout… Ah ! si mon père ne l’avait soutenu de son courage, de son bras et de sa fortune, lui-même aurait fort bien pu ne jamais voir la cour d’Angleterre. — Mais par qui cette supplique a-t-elle été présentée, milord ? dit Heriot, — car il arrive souvent que l’impression défavorable produite par le messager s’étend jusque sur le message lui-même. — Par mon domestique, dit lord Nigel, un homme que vous avez vu et pour lequel même, je crois, vous avez eu des bontés. — Par votre domestique, milord ? il paraît intelligent, et je ne doute pas qu’il ne soit fidèle ; cependant… — Vous voulez dire, répondit Nigel, que ce n’est pas un messager propre à être envoyé au roi ? cela est bien vrai : mais que pouvais-je faire ? tous mes efforts pour faire parvenir mes réclamations avaient échoué ; mes pétitions étaient constamment restées dans les portefeuilles des secrétaires et des commis, et cet homme se vantait d’avoir dans la maison du roi un ami qui l’introduirait auprès de Sa Majesté, et… — Je vous entends, dit Heriot. Mais, milord, pourquoi ne vous êtes-vous pas servi du droit que vous donnaient votre rang et votre naissance pour paraître à la cour, et demander une audience qui ne pouvait vous être refusée ?… »

Le jeune lord rougit un peu, et jeta un coup d’œil sur ses habits qui étaient fort simples, et qui, bien que de la plus grande propreté, paraissaient déjà avoir quelque service.

« Je ne sais pas pourquoi je serais honteux de dire la vérité, » dit-il après un moment d’hésitation. « Je n’avais pas un costume convenable pour me présenter à la cour… J’ai résolu de ne point faire la moindre dépense à laquelle je ne pusse subvenir, et ce n’est pas vous qui me conseilleriez, monsieur, de me tenir en personne à la porte du palais pour présenter ma pétition, confondu avec la foule de ceux qui, en effet, exposent leurs besoins et demandent la charité. — Cela aurait été, j’en conviens, de la plus grande inconvenance, dit le bourgeois ; mais, milord, je ne sais quoi me dit qu’il y a eu quelque méprise là-dessous. Puis-je parler à votre domestique ? — Je ne vois pas trop quel bien il peut en résulter, répondit le jeune lord, mais l’intérêt que vous prenez