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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/77

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d’ailleurs, aurait aplani le chemin pour la mienne… mais dans le vacarme et la confusion du moment, et au milieu de tous ces chevaux qui galopaient çà et là dans la cour, je crois que je les lui aurai glissées toutes deux, l’une avec l’autre dans la main, et il est bien possible que la mienne se soit trouvée par-dessus… Quoi qu’il en soit, si la chose a été de travers, il est bien sûr que c’est moi qui ai eu toute la peur et qui en ai couru tous les risques. — Et qui recevrez tous les coups, impudent coquin, s’écria Nigel. Faudra-t-il que je me voie insulté et déshonoré à cause de l’insolente présomption que vous avez eue de mêler vos vils intérêts avec les miens ? — Allons, allons, milord, » dit le compatissant bourgeois en essayant de s’interposer, « c’est moi qui ai fait découvrir la sottise de ce garçon ; que Votre Seigneurie daigne faire grâce à ses os en ma faveur. Vous avez sujet d’être irrité, et cependant le drôle a péché plutôt par manque de jugement que par mauvaise intention, et je répondrais qu’il vous servira mieux une autre fois si vous lui pardonnez cette faute… Sortez, maraud ; je ferai votre paix avec votre maître. — Non, non, » s’écria Moniplies en conservant son terrain avec fermeté  ; «s’il lui plaît de frapper un garçon qui l’a suivi par pure amitié, car je crois que depuis notre départ d’Écosse il n’a guère été question de gages entre nous, que milord se satisfasse, et il verra l’honneur qu’il en retirera. Quant à moi, j’aime mieux, quoique je ne vous en sois pas moins obligé, maître George, recevoir un coup de son bâton que de voir un étranger se mettre entre nous deux. — Assez donc, dit son maître, et retirez-vous de devant moi. — Eh bien ! ce ne sera pas long, » dit Moniplies en se retirant lentement ; « je suis venu parce que l’on ma appelé, et depuis une demi-heure je n’aurais pas demandé mieux que de m’en aller, sans maître George qui m’a tenu là à me faire des questions, cause de tout ce tapage. »

C’est ainsi qu’il se retira en murmurant, non de l’air d’un homme qui vient d’être pris en faute, mais du ton de celui à qui l’on a fait un affront.

« Jamais homme ne fut plus humilié que je ne le suis par un impertinent valet ! Le drôle n’est pas sot, et je l’ai toujours trouvé fidèle. Je crois aussi qu’il m’aime, car il en a donné des preuves ; mais, d’un autre côté, il a une si haute opinion de lui-même, il est si plein de présomption et d’entêtement, qu’il semble quelquefois être le maître et m’avoir pour valet ; quelque sottise qu’il