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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/83

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et quant à celui que j’ai adopté, et qui vit encore, que le ciel ait pitié de lui : Hélas ! je suis patient et reconnaissant ; et quant aux richesses que Dieu m’a envoyées, elles ne manqueront pas d’héritiers tant qu’il y aura des orphelins dans la vieille Édimbourg… Je vous souhaite le bonjour, milord. — Il y a déjà un orphelin qui vous doit de la reconnaissance, » dit Nigel en l’accompagnant vers la porte ; et le vieux bourgeois se défendant d’être ainsi reconduit prit enfin congé de son nouvel ami.

En s’en allant il traversa la boutique à la porte de laquelle se tenait la dame Christie qui lui fit un signe de tête. Il lui demanda poliment des nouvelles de son mari. Dame Christie regretta qu’il fût absent, mais il était allé à Deptford, lui dit-elle, régler ses comptes avec un capitaine de bâtiment hollandais.

« Il faut que les affaires se fassent, dame Christie, dit l’orfèvre. Rappelez au souvenir de votre mari George Heriot, de Lombard-Street. J’ai fait des affaires avec lui, c’est un homme juste et exact dans ses engagements : soyez bons à l’égard de votre noble locataire ; ayez soin qu’il ne manque de rien. Quoique en ce moment il lui plaise de vivre dans la solitude et dans la retraite, il y a des gens qui s’intéressent à lui, et je suis chargé de fournir tout ce qui lui sera nécessaire ; de sorte que vous pourrez me faire savoir par votre mari, ma bonne dame, dans quel état se trouve milord, et s’il a besoin de quelque chose. — Ainsi, c’est donc un vrai lord, après tout ? Eh bien, sur ma foi, j’ai toujours pensé qu’il en avait la mine. Mais pourquoi ne va-t-il pas au parlement, dans ce cas ? — Il ira, dame Christie, répondit Heriot, mais au parlement d’Écosse, dans son pays. — Oh ! ce n’est qu’un lord écossais, dit la bonne dame, et voilà pourquoi il est honteux d’en porter le titre peut-être. — Gardez qu’il vous entende parler ainsi, dame Christie, dit le bourgeois. — Qui ? moi, monsieur, reprit-elle ; je vous assure qu’il n’y a rien d’offensant pour lui dans ces paroles. Anglais ou Écossais, il n’en est pas moins un homme comme il faut, et bien poli ; et plutôt que de le laisser manquer de rien, j’aimerais mieux le servir moi-même, et aller jusqu’à Lombard-Street vous en avertir en personne. — Envoyez-moi votre mari, bonne dame, » dit l’orfèvre, qui, avec toute son expérience et sa bonté, était un peu sévère sur les formes… « Le proverbe dit : Quand les femmes courent, la maison va de travers… et laissez le valet de Sa Seigneurie servir son maître dans son appartement. — Bonjour à Votre Honneur, » dit la dame un peu froidement ; et aussitôt que