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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/90

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partements à White-Hall, au milieu des décombres des vieilles constructions et de tout le désordre qui accompagnait l’érection du nouvel édifice, ce qui formait alors un labyrinthe qu’il n’était pas facile de traverser.

L’orfèvre de la maison du roi, et si le bruit public était vrai, le banquier, car ces deux professions n’étaient pas alors séparées l’une de l’autre, était un personnage trop important pour être arrêté par une sentinelle ou un portier. Ayant donc laissé sa mule et deux des gens de sa suite dans la première cour, il frappa doucement à une porte basse du bâtiment, et fut admis tout de suite avec son domestique de confiance, qui portait la pièce d’argenterie sous son bras. Il laissa cet homme à son tour dans une antichambre où se tenaient trois ou quatre pages à la livrée royale, mais qui, déboutonnés, débraillés, et n’ayant dans leur costume ni cette tenue, ni cette décence que le lieu et le voisinage de la présence du roi semblaient leur commander, étaient occupés à jouer aux dés ou aux dames, ou, étendus sur des banquettes, sommeillaient les yeux à demi fermés. De l’antichambre il passa dans une galerie où se trouvaient deux gentilshommes de la chambre, qui adressèrent chacun un sourire en signe de connaissance au riche orfèvre lorsqu’il entra. Pas un mot ne fut prononcé de part et d’autre, seulement un des huissiers jeta d’abord un coup d’œil sur Heriot, puis un autre sur une petite porte à moitié cachée dans la tapisserie, d’un air qui voulait dire aussi clairement qu’un regard peut l’exprimer : « Est-ce de ce côté que vous avez affaire ? » Le citadin fit un signe de tête, et l’huissier de la chambre marchant sur la pointe des pieds, avec autant de précaution que si le plancher eût été pavé de coquilles d’œufs, s’avança vers la porte, l’ouvrit tout doucement, et dit quelques mots à voix basse. L’accent écossais très-prononcé du roi Jacques se fît entendre : « Laissez entrer sur-le-champ, Maxwell. Depuis le temps que vous êtes à la cour, ne savez-vous pas encore que l’or et l’argent y sont toujours bienvenus ? »

L’huissier de la chambre fit signe à Heriot d’avancer, et l’honnête citadin fut immédiatement introduit dans le cabinet du souverain. La scène de confusion au milieu de laquelle il trouva le roi assis était une image assez fidèle de l’esprit de ce prince et des disparités qu’on y remarquait. Il ne manquait pas dans l’appartement de beaux tableaux et de riches ornements ; mais ils étaient mal placés, chargés de poussière, et perdaient la moitié