Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/37

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Après avoir fait retentir d’une voix de tonnerre cette effusion d’enthousiasme et de loyauté, le vaillant cavalier, le cœur gonflé d’émotions, et presque suffoqué par la joie, tomba sur un siège en s’écriant : « Aurais-je jamais cru vivre assez pour voir cet heureux jour ! » Puis il se mit à fondre en larmes, autant à sa propre surprise qu’à celle de Bridgenorth.

En considérant l’état de crise où était plongé le pays, le major pensa, ainsi que l’avaient fait Fairfax et les autres chefs du parti presbytérien, que la mesure la plus sage et la plus patriotique qu’ils pussent adopter était d’épouser franchement la cause du roi, et que ce moyen était le seul admirable dans un moment où toutes les classes cherchaient une protection et un abri contre les divers actes d’oppression auxquels donnaient lieu les altercations continuelles de Wesminster-Hall et de Wallingford-House. Il abonda donc dans le sens de sir Geoffrey, avec moins d’enthousiasme, il est vrai, mais avec autant de sincérité, et tous deux prirent d’un commun accord les mesures qui leur parurent les plus propres à rendre la partie du pays qu’ils habitaient favorable au roi : ce qui s’effectua aussi facilement et aussi paisiblement que dans les autres parties de l’Angleterre. Tous deux étaient à Chesterfield quand la nouvelle se répandit que le roi venait de débarquer en Angleterre, et à l’instant sir Geoffrey annonça son intention d’aller rendre ses devoirs à Sa Majesté avant même de retourner à Martindale-Castle.

« Qui sait, voisin, dit-il, si sir Geoffrey Peveril reverra jamais Martindale ? Il doit y avoir là-bas des honneurs à gagner, et j’ai mérité quelque chose comme les autres. Lord Peveril sonnerait assez bien, ou bien encore comte de Martindale ; mais non, non, comte du Pic. Quant à ce qui vous regarde, vous pouvez compter sur moi ; je voudrais seulement que vous n’eussiez pas été presbytérien, voisin, et que vous pussiez obtenir le titre de chevalier, c’est-à-dire de chevalier-bachelier et non de chevalier-baronnet ; cela ferait assez bien votre affaire. — Je laisse ces honneurs à ceux qui sont au-dessus de moi, sir Geoffrey, dit le major, et ce que je désire le plus ardemment est d’apprendre, à mon retour à Martindale, que tout y va bien. — Et tout y va bien, je vous en réponds, reprit le baronnet : Julien, Alice, lady Peveril et tout le reste. Portez-leur mes compliments et embrassez-les tous, voisin, lady Peveril comme les autres ; et peut-être bien quand je reviendrai embrasserez-vous une comtesse ; tout ira bien pour