Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/503

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passée bien différemment pour les malheureux que leur mauvais sort, ou la singularité des temps, avait, malgré leur innocence, conduits dans une prison d’état. Ils avaient reçu l’avis officiel que leur procès commencerait sept jours après, devant la cour du banc du roi, à Westminster. Le vieux chevalier commença par se moquer de l’officier qui troublait son déjeuner ; mais il ne put cacher une vive émotion, quand il apprit que Julien devait comparaître avec lui sous le poids de la même prévention.

Nous ne rendrons qu’un compte sommaire de ce procès, qui ressembla, quant aux formes judiciaires, à la plupart de ceux qui eurent lieu tant qu’il fut question du complot papiste. Un ou deux témoins infâmes et parjures, pour qui la profession de délateur était devenue scandaleusement lucrative, affirmaient sous serment que les accusés avaient déclaré qu’ils étaient affiliés à la grande confédération catholique. D’autres mettaient en avant des faits ou des conjectures qui attaquaient l’accusé dans sa réputation de bon protestant et de sujet dévoué ; et satisfaits de ces preuves équivoques, un jury parjure, un tribunal corrompu, osaient porter le verdict fatal de condamnation.

Cependant la fureur du peuple commençait à s’apaiser, épuisée par sa propre violence. La nation anglaise diffère de toutes les autres, même des habitants de l’Écosse et de l’Irlande, en ce qu’elle se rassasie aisément de châtiments, fussent-ils encore plus mérités. Les autres peuples peuvent être comparés au tigre apprivoisé, qui, s’il s’abandonne une fois à sa cruauté naturelle, ne pense plus qu’à égorger ; le peuple anglais au contraire ressemble à cette espèce de chiens, agiles, braves et ardents à la poursuite de leur proie, mais qui, dit-on, s’arrêtent sitôt qu’ils aperçoivent une goutte de sang sur leur passage.

L’esprit public commençait donc à se calmer. On examinait plus attentivement le caractère des témoins : leurs dépositions n’étaient pas accueillies sans réserve ; on concevait enfin des soupçons sur des hommes qui ne disaient jamais tout ce qu’ils savaient, et réservaient toujours quelque chose pour les procès à venir.

Le roi lui-même, qui était resté passif pendant le premier accès de la fureur populaire, commençait à sortir de son indifférence ; ce qui produisait un effet marqué sur la conduite des conseillers de la couronne, et même des juges. Sir George Wakeman avait été acquitté malgré la déposition formelle d’Oates ; et