Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/85

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que son sang retombe sur sa tête ! » Comme le major achevait ces mots, Whitaker ouvrit la porte, et prouva qu’avec toute l’ardeur et l’activité d’un ancien soldat, qui n’était pas fâché de voir les choses reprendre une tournure belliqueuse, il s’était fait accompagner de quatre vigoureux gaillards portant la livrée du chevalier du Pic, et armés jusqu’aux dents, de sabres, de carabines et de pistolets.

« Je verrai, dit le major, si quelqu’un de ces hommes sera assez audacieux pour tenter de m’arrêter, moi Anglais, né libre et magistrat, lorsque je remplis le devoir de ma charge. »

À ces mots, il s’avança sur Whitaker et ceux de sa suite, en portant la main sur la garde de son épée.

« De grâce, ne soyez pas si imprudent, monsieur Bridgenorth, s’écria lady Peveril ; arrêtez-le, Whitaker, désarmez-le ; mais gardez-vous de lui faire aucun mal ! »

Ses ordres furent exécutés. Bridgenorth, quoique homme de courage et de résolution, ne poussait pas la témérité au point d’engager une lutte avec des adversaires que le nombre rendait vraiment redoutables. Il tira son épée à moitié hors du fourreau, et fit assez de résistance pour appeler la violence contre lui. Mais il remit son arme, et déclara qu’en se soumettant à la force à laquelle un seul homme était incapable de résister, il rendait les auteurs de son arrestation et ceux qui en avaient donné l’ordre responsables d’un acte aussi contraire aux lois.

« Ne vous mettez point l’esprit en peine pour le warrant qui manque à votre arrestation, monsieur Bridgenorth, dit le vieux Whitaker ; vous avez agi plus d’une fois d’une manière plus illégale encore. L’ordre de milady vaut bien un warrant comme tous ceux du vieux Noll. Vous les avez fait exécuter assez long-temps, maître Bridgenorth. Vous m’avez fait emprisonner pour avoir bu à la santé du roi ; et alors vous n’auriez pas donné un farthing[1] de toutes les lois de l’Angleterre, maître Bridgenorth. — Point de propos impertinents, Whitaker, dit lady Peveril ; et vous, monsieur Bridgenorth, ne vous inquiétez pas si vous êtes retenu prisonnier pendant quelques heures. Votre captivité cessera dès que la comtesse de Derby n’aura plus rien à craindre de vos poursuites. Il me serait facile de lui donner une escorte qui défierait toutes les forces que vous pourriez rassembler ; mais je veux éviter, le ciel le sait, de réveiller les anciennes dissensions civi-

  1. Un liard. a. m.