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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/120

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ce que les soldats qui seront de service cette nuit soient choisis avec soin ; et qu’aucun d’eux ne prenne part, en aucune façon, à la débauche que vous projetez. — Votre Seigneurie sera ponctuellement obéie, répondit Ludovic, et sa santé sera portée avec tout le respect qui lui est dû. — Il est possible, dit lord Crawford, que j’aille moi-même vous rendre visite au milieu de votre joyeux repas, uniquement pour voir si tout se passe avec décence. — La visite de Votre Seigneurie nous comblera d’honneur et de joie, » répliqua Ludovic. Et ils se retirèrent tous trois, extrêmement satisfaits, pour s’occuper des apprêts de leur banquet militaire, auquel Lesly invita une vingtaine de ses camarades qui, assez généralement, étaient dans l’usage de prendre leurs repas avec lui.

Une fête de soldats est ordinairement bientôt arrangée ; le point capital est qu’il s’y trouve de quoi manger et de quoi boire. Mais, en cette occasion, Lesly se donna beaucoup de mouvement pour se procurer du vin de meilleure qualité qu’à l’ordinaire. Car, disait-il, le vieux lord est la plus noble plume de nos toques, une vieille pièce d’or du meilleur aloi. Il nous prêche la sobriété ; mais après avoir bu à la table du roi autant de vin qu’il en peut prendre décemment, il ne manque jamais une occasion honorable de compléter la soirée auprès de la bouteille ; ainsi, camarades, il faut vous préparer à entendre les vieilles histoires des batailles de Verneuil et de Beaugé. »

L’appartement gothique dans lequel ils se réunissaient ordinairement pour prendre leur repas fut mis, en toute hâte, dans le meilleur ordre ; leurs palefreniers furent dépêchés de toutes parts pour se procurer des joncs verts, afin d’en couvrir le plancher[1] ; et les bannières sous lesquelles la garde écossaise avait marché au combat, ou qu’elle avait enlevées à l’ennemi, furent déployées en guise de tapisseries, au-dessus de la table et sur les murailles à l’entour de la chambre.

On s’occupa ensuite de revêtir, aussi promptement que possible, le jeune soldat des armes et de l’uniforme particulier à la garde écossaise, afin qu’il pût paraître, sous tous les rapports, avoir droit aux privilèges de ce corps, en vertu desquels, et avec l’aide de ses compatriotes, il pouvait braver hardiment le pouvoir et le mécontentement du grand prévôt, quoique l’on sût fort bien que l’un était aussi terrible que l’autre était implacable.

Le banquet fut des plus joyeux, et les convives donnèrent un

  1. C’était l’usage d’alors. a. m.