Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/127

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sa couche ; mais la régularité qui régnait dans le château de son père et dans le couvent d’Abertrothock l’avait habitué à se lever avec l’aurore, et il s’habilla gaiement, au son des cors et au bruit des armes : ce bruit annonçait que les sentinelles qui avaient fait le service pendant la nuit allaient être relevées. Des gardes rentraient à la caserne, d’autres en sortaient pour aller occuper leur poste pendant la matinée ; tandis que d’autres encore, parmi lesquels était son oncle, se couvraient de leur armure pour se rendre auprès de la personne même du roi.

Avec tout le plaisir qu’éprouve un homme dans un âge aussi tendre et en pareille circonstance, Quentin se revêtit de l’uniforme splendide et des riches armes qui appartenaient à son nouvel état. Le Balafré, qui veillait avec le plus grand intérêt et le soin le plus scrupuleux à ce que rien ne manquât à son équipement, ne fut pas maître de cacher la satisfaction qu’il éprouvait en voyant combien ce changement de costume augmentait la bonne mine de son neveu. « Si tu es aussi fidèle et aussi brave que tu es beau garçon, dit-il, j’aurai en toi un des plus beaux et un des meilleurs écuyers de la garde, ce qui ne peut que faire honneur à la famille de ta mère. Suis-moi dans la salle du trône, et prends bien soin de te tenir toujours près de moi. »

En parlant ainsi, il saisit une grande et lourde pertuisane, magnifiquement ornée et damasquinée, et ayant dit à son neveu d’en prendre une semblable, mais qui était plus légère, il se rendit avec lui dans la cour intérieure du palais, où ceux de leurs camarades qui devaient monter la garde dans les appartements étaient déjà en ligne et sous les armes, les écuyers placés chacun derrière son maître. On y voyait également un grand nombre de piqueurs tenant de superbes chevaux et des chiens de race que Quentin regardait avec tant de plaisir, que son oncle fut plus d’une fois obligé de lui rappeler que ces animaux n’étaient pas là pour son amusement particulier, mais pour celui du roi, qui était très passionné pour la chasse. En effet, cet amusement était du petit nombre de ceux auxquels se livrait Louis XI, même dans les instants où la politique aurait dû l’absorber presque tout entier ; et il avait tellement à cœur la conservation du gibier dans les forêts royales, que l’on disait communément que tuer un homme exposait à moins de risques que tuer un cerf.

À un signal donné par le Balafré, qui dans cette occasion remplissait les fonctions d’officier, les gardes se mirent en mouve-