tête cassée ! » Changeant alors de manière de combattre, il se recueillit comme pour se tenir sur la défensive, paraissant vouloir se borner à parer, sans les lui rendre, les coups que Quentin cherchait continuellement à lui porter, mais bien décidé à mettre fin au combat d’un seul coup, au premier moment où, soit faute de force, soit par une fausse passe ou par un coup mal dirigé, le jeune soldat viendrait à se découvrir tant soit peu. Il est probable que cette habile politique lui aurait réussi ; mais le sort en avait autrement ordonné.
Cette lutte se poursuivait avec une égale fureur de part et d’autre, quand survint un gros de cavalerie. « Arrêtez ! au nom du roi ! » cria-t-on aux deux champions, qui reculèrent aussitôt ; et Quentin vit avec surprise que son capitaine, lord Crawford, était à la tête de la troupe qui venait d’interrompre le combat. Il reconnut aussi Tristan l’Ermite, avec deux ou trois de ses gens. En tout il y avait à peu près une vingtaine de cavaliers.
CHAPITRE XV.
LE GUIDE.
L’arrivée de lord Crawford et de son détachement mit tout à coup fin au combat que nous avons essayé de décrire dans le chapitre précédent ; et le chevalier, ôtant son casque, s’empressa de remettre son épée au vieux lord, en disant : « Crawford, je me rends. Mais, écoutez, que je vous parle à l’oreille… Un mot… Pour l’amour de Dieu, sauvez le duc d’Orléans ! — Comment ! quoi ! le duc d’Orléans ? s’écria le commandant des archers écossais. Au nom du grand diable d’enfer ! comment cela est-il arrivé ? Cet acte de galanterie va le perdre pour jamais dans l’esprit du roi. — Ne me faites pas de questions, » répondit Dunois, car ce n’était rien moins que lui-même ; « c’est ma faute à moi seul. Voyez, le