Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/483

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armoiries d’Orléans, et je t’en laisse le soin. Balafré, soutiens ton neveu ; mais que personne n’ose disputer à Dunois l’honneur de donner la chasse au véritable Sanglier. »

Ainsi qu’on peut bien s’en douter, Durward reçut cette mission avec joie, et chacun d’eux s’efforça de se frayer un chemin vers celui qu’il voulait combattre et vaincre, suivi et soutenu par ceux qui purent rester à ses côtés.

Mais, en ce moment, la colonne que de la Marck se proposait de secourir quand il s’était vu arrêter par Dunois dans sa course, avait perdu tous les avantages obtenus par elle pendant la nuit ; tandis que les Bourguignons, au contraire, avec le retour de l’aurore, avaient reconquis ceux qu’une discipline supérieure manque rarement d’obtenir. La grande masse des Liégeois, forcée de battre en retraite, se mit à fuir en désordre, et vint retomber sur les lignes de ceux qui étaient engagés avec les Français. Alors on ne vit plus qu’une mêlée confuse de combattants et de fuyards se dirigeant vers les murs de la ville, dans laquelle les Liégeois rentrèrent par la brèche immense et sans défense qui avait favorisé leur sortie.

Quentin fit des efforts au-dessus de l’humanité pour atteindre l’objet de sa poursuite, qu’il ne perdait pas de vue un seul instant, et qui, par ses cris et par son exemple, s’efforçait de renouveler le combat à la tête d’une troupe choisie de lansquenets. Le Balafré et quelques-uns de ses camarades, toujours aux côtés de Quentin, s’émerveillaient de la valeur extraordinaire que déployait un si jeune soldat. Sur la brèche, de la Marck, car c’était lui-même, réussit à rallier un moment sa troupe et à repousser ceux des assaillants qui les serraient de plus près. Il tenait en main une massue de fer devant laquelle tout semblait tomber, et il était tellement couvert de sang que l’on ne pouvait plus distinguer sur son bouclier les armoiries dont la vue avait si fortement irrité Dunois.

Quentin trouva alors peu de difficulté à l’aborder, car la position avantageuse qu’il occupait, et l’usage qu’il faisait de sa terrible massue, engageaient le plus grand nombre des assaillants à chercher un point d’attaque moins dangereux que celui où se tenait un défenseur si terrible. Mais Quentin, qui connaissait toute l’importance de la victoire qui serait remportée sur un si formidable antagoniste, se précipita à bas de son cheval au pied de la brèche, et abandonnant ce noble animal, présent que lui avait fait le duc d’Orléans, s’élança au milieu de cette nouvelle