Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/486

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Sa confiance ne fut pas trompée : quoique les coups du brigand réduit au désespoir tombassent sur le jeune Écossais comme ceux du marteau sur l’enclume, la vivacité des mouvements de celui-ci, son adresse à manier l’épée, lui fournissaient le moyen de les éviter tout en les rendant avec la pointe de son arme, plus sûre quoique moins bruyante ; et il en joua si bien et avec tant de succès, que les forces de son adversaire s’épuisèrent avec son sang qui bientôt couvrit la terre. Cependant, soutenu par le courage et la colère, de la Marck combattait toujours avec la même énergie, et la victoire de Quentin paraissait encore douteuse et éloignée, lorsqu’une voix de femme se fit entendre derrière lui en l’appelant par son nom et en criant : « Au secours ! au secours ! pour l’amour de la sainte Vierge ! »

Durward tourna la tête, et un simple coup d’œil lui fit reconnaître Gertrude Pavillon : son manteau lui avait été arraché de dessus les épaules, et elle était entraînée par un soldat français. Entré avec plusieurs autres dans la chapelle où, remplies d’effroi, s’étaient réfugiées quelques femmes, ce soldat s’était emparé de Gertrude, comme ses compagnons des autres femmes, et chacun d’eux les emmenait pour les sacrifier à sa brutalité.

« Attends-moi un instant, » cria Quentin à de la Marck ; et il courut vers sa bienfaitrice, afin de la tirer d’une situation dont il voyait tout le danger. — « Je n’attends le bon plaisir de personne, » répondit de la Marck en agitant sa massue ; et il se mit à battre en retraite, très-satisfait sans doute d’être débarrassé d’un si formidable adversaire. — « Vous attendrez pourtant le mien, ne vous en déplaise, répliqua le Balafré ; je ne souffrirai pas que mon neveu reste en si beau chemin. » Et, à ces mots, il se précipita sur de la Marck, avec son épée à double tranchant.

Cependant Quentin éprouva pour délivrer Gertrude plus de résistance qu’il n’en attendait. Celui qui l’avait choisie, soutenu par ses camarades, refusait de lâcher sa proie ; notre jeune Écossais fut donc obligé d’appeler à son aide deux ou trois de ses compatriotes, et dans ce court espace de temps la fortune lui ravit la chance heureuse qu’elle lui avait présentée. En effet, lorsqu’il fut parvenu à dégager sa protectrice, la rue était déserte, et il s’y trouva seul avec elle. Oubliant alors quelle serait la situation de sa compagne si elle était sans défense, il se disposait à se mettre à la poursuite du Sanglier des Ardennes, comme le lévrier suit le daim à la piste, quand cette infortunée, dans son désespoir, s’at-