Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/52

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gue. Il avait le teint blanc, quoique légèrement bruni soit par l’action du soleil de ce climat étranger, soit parce qu’il avait été journellement exposé au grand air dans son pays natal.

Ses traits, sans être parfaitement réguliers, étaient agréables, et donnaient à sa physionomie une expression de franchise et de candeur. Un demi-sourire, qui semblait naître d’une heureuse santé et d’une bonne constitution, montrait de temps en temps que ses dents étaient bien rangées et blanches comme l’ivoire, tandis que son œil bleu brillait, et plein d’une gaieté en parfaite harmonie avec l’ensemble de sa figure, exprimait, en s’arrêtant sur chaque objet qui se présentait à lui, la bonne humeur, une conscience pure et une résolution peu commune.

Il recevait et rendait leur salut au petit nombre de voyageurs qui passaient sur cette route dans ces temps dangereux, suivant le mérite apparent de chacun. Le lancier rôdeur, moitié soldat, moitié brigand, mesurait de l’œil le jeune homme, comme pour calculer la chance du butin ou celle d’une résistance déterminée, et lisait dans le regard du voyageur une telle assurance qu’il changeait son farouche dessein pour lui dire d’un ton brutal : « Bonjour, camarade ! » politesse à laquelle le jeune Écossais répondait d’un ton tout aussi martial, quoique moins farouche. Le pèlerin et le moine mendiant lui donnaient en échange de son salut respectueux une bénédiction paternelle ; et la jeune paysanne aux yeux noirs, lorsqu’elle était éloignée de quelques pas, se retournait plus d’une fois pour le regarder, et échangeait avec lui un « bonjour » accompagné d’un sourire. En un mot, il y avait en lui quelque chose qui attirait l’attention ; et cette espèce de pouvoir attractif qui est l’effet de la réunion d’une franchise intrépide, d’une humeur enjouée, d’un regard vif et spirituel, d’une jolie figure et d’une tournure agréable, s’exerçait facilement sur chacun. Tout son aspect semblait aussi indiquer un jeune homme entrant dans la vie sans aucune appréhension des maux dont elle est assiégée, et presque sans autres moyens pour lutter contre les peines et les chagrins dont elle est remplie, qu’un esprit vif et un cœur courageux : or, c’est avec de tels caractères que la jeunesse sympathise le plus volontiers, de même que la vieillesse et l’expérience éprouvent pour eux un intérêt affectueux et compatissant.

Le jeune homme dont nous venons de faire le portrait avait été depuis long-temps aperçu par les deux personnages qui se pro-