Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les moyens d’ébranler une résolution qu’elle commençait à croire plus profondément enracinée qu’elle ne l’avait pensé d’abord.

— « Non, ma mère, répondit-il, je vous laisse dans une aisance et une sécurité que vous n’avez jamais connues. Le fils de Barcaldine a été nommé commandant, et c’est sous lui que je me suis enrôlé. Mac Phadraick est chargé d’agir pour lui dans ses affaires : il lui fait des recrues, et il y trouve son intérêt.

— Voilà ce qu’il y a de plus vrai dans cette histoire, quand le reste serait aussi faux que l’enfer, » dit la vieille femme avec amertume.

— « Mais nous y trouverons aussi notre compte, continua Hamish ; car Barcaldine doit vous donner une chaumière dans son bois de Letter-Findreight, avec un droit de pâturage sur la commune pour vos chèvres et une vache, quand il vous plaira d’en avoir une. Et d’ailleurs, ma chère mère, ma propre paye, quoique je sois loin de vous, sera plus que suffisante pour votre nourriture et vos autres besoins. Ne craignez rien pour moi. Je pars simple soldat ; mais s’il ne faut que se battre avec courage et remplir rigoureusement son devoir, je reviendrai, j’espère, officier, avec un demi-dollar par jour.

— Pauvre enfant ! » répliqua Elspat d’un ton de pitié mêlé de mépris, « et tu te fies à Mac Phadraick ?

— Je le puis, ma mère, » répondit Hamish ; et la couleur pourpre, qui était celle de son clan, passa rapidement sur son front et sur ses joues. « Mac Phadraick connaît le sang qui coule dans mes veines, et il sait que, s’il venait à vous tromper, il pourrait compter les jours qui ramèneraient Hamish à Breadalbane, et songer que ceux de sa vie ne se prolongeraient pas de trois soleils au delà. Je le tuerais sur son propre foyer, s’il me manquait jamais de parole : oui, je le jure, par le grand Être qui nous créa l’un et l’autre. »

Le regard et l’attitude du jeune soldat imposèrent pour un moment à Elspat. Elle n’avait pas coutume de l’entendre s’exprimer avec cette amertume et cette énergie qui lui rappelaient si fortement son époux. Cependant elle reprit bientôt ses remontrances sur le même ton de menace et de hauteur.

« Pauvre garçon ! et tu crois qu’à la distance de la moitié du monde tes menaces seront entendues, et qu’on y fera quelque attention ! Mais, va, va courber ta tête sous le joug de Hanovre, sous ce joug, contre lequel tous les vrais enfants de Gaël ont com-