Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/130

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gendes historiques, trésor qui, de tout temps, a été le principal amusement des montagnards dans leurs moments de repos, mais encore tous les chants des anciens hardes, et les traditions des sennachies[1] et des conteurs d’histoires les plus véridiques, dont elle avait une connaissance peu commune. Ses soins officieux, ses attentions excessives pour son fils étaient si continuels, si persévérants, qu’il en éprouvait presque de la peine, et il s’efforçait doucement de l’empêcher de prendre tant de fatigue pour lui faire un lit de bruyère fraîche et fleurie, ou pour lui préparer ses repas. « Laissez-moi faire, Hamish, lui disait-elle alors, vous suivrez votre volonté quand vous aurez quitté votre mère ; jusque-là laissez-la suivre la sienne et faire ce qui lui plaît.

Elle semblait tellement réconciliée avec les arrangements qu’il avait pris relativement à elle, qu’elle l’écoutait volontiers parler de son changement de domicile, et lui dépeindre les terres de Green Colin : c’est ainsi que s’appelait le propriétaire qui lui donnait un asile sur son domaine. Et cependant rien n’était plus loin de sa pensée que de l’accepter. De tout ce qui avait été dit dans la violence de leur première discussion, Elspat avait conclu que si Hamish ne retournait pas au terme fixé de son congé, il courrait le risque d’un châtiment corporel, et, s’il se trouvait une fois exposé à un tel déshonneur, elle savait bien que, loin de s’y soumettre, il préférerait ne jamais retourner à son régiment. Entrevoyait-elle quelque autre conséquence de son funeste projet, c’est ce qu’on ne pourrait dire ; mais la compagne de Mac Tavish Mhor, celle qui avait partagé tous ses périls, toutes ses traverses, avait appris par cent exemples que la résistance ou la fuite peut offrir à un homme brave, au milieu d’un pays couvert de rochers, de lacs, de montagnes, de défilés dangereux et de sombres forêts, le moyen de déjouer la poursuite de nombreux ennemis. Elle ne craignait donc rien pour l’avenir, et le seul but de toutes ses pensées était d’empêcher son fils de tenir la parole qu’il avait donnée à son chef.

Dans ce secret dessein, elle éluda la proposition qu’Hamish lui fit à plusieurs reprises de partir avec lui pour venir prendre possession de sa nouvelle demeure ; et elle fonda son refus sur des raisons en apparence si naturelles à son caractère, que son fils n’en conçut ni inquiétude ni mécontentement. « Ne me force pas, lui dit-elle, à dire adieu dans le court espace d’une semaine à

  1. Généalogistes. a. m.