Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/145

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son pardon. » À ces mots elle tomba aux pieds du jeune homme, saisit sa main, la couvrit de baisers et répéta cent fois avec l’accent d’un cœur brisé de douleur : « Pardonne-moi ! pardonne-moi ! pour l’amour des cendres de ton père ! Pardonne-moi, par les douleurs que j’ai souffertes pour te donner la vie ! par les soins que j’ai pris en te nourrissant ! Ciel, entendez, et vous, terre, voyez ! La mère implore le pardon de son enfant, et le pardon lui est refusé ! »

C’était en vain qu’Hamish s’efforçait d’arrêter ce torrent d’expressions passionnées, en assurant à sa mère, dans les termes les plus solennels, qu’il lui pardonnait le funeste artifice qu’elle avait employé à son égard.

« Paroles vides de sens ! s’écria-t-elle ; vaines protestations sous lesquelles tu caches un ressentiment opiniâtre. Si tu veux que je te croie, quitte à l’instant cette demeure et éloigne-toi d’un pays qui, à chaque moment, devient plus dangereux pour toi. Fais ce que je te demande, et je croirai que tu m’as pardonné. Résiste-moi, et j’appellerai de nouveau la lune et les étoiles comme témoins du ressentiment impitoyable dont tu poursuis ta mère pour une faute qui, si c’en est une, provient de son amour.

— Ma mère, vous n’ébranlerez pas ma résolution à cet égard. Nul homme ne me verra jamais fuir devant lui. Quand Barcaldine enverrait à ma poursuite tous les montagnards qui sont sous sa bannière, je les attendrais ici ; et, lorsque vous m’ordonnez de fuir, c’est comme si vous commandiez à cette montagne de s’arracher de ses fondements. Si je savais la route par laquelle ils doivent arriver ici, je leur épargnerais la peine de venir me chercher ; mais je pourrais prendre le chemin de la montagne ; tandis que peut-être ils viendraient par celui du lac. C’est ici que j’attendrai mon sort ; et, dans toute l’Écosse, il n’y a pas une voix assez puissante pour m’ordonner de bouger d’ici et me faire obéir.

— Eh bien donc, je resterai aussi, dit Elspat en se relevant et en montrant tout à coup un calme affecté ; « mes yeux ont pu voir la mort de mon époux ; ils sauront supporter le spectacle de la chute de mon fils. Mais Mac Tavish Mhor mourut de la mort des braves, tenant de la main droite sa bonne épée, tandis que mon fils périra comme le bœuf conduit à la boucherie par le Saxon, qui l’achète à prix d’argent.

Ma mère, c’est vous qui m’avez ôté la vie, et vous en aviez le droit, puisque vous me l’aviez donnée ; mais ne touchez pas à mon