Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

possible. Cependant, je vous promets de faire tout ce que je pourrai. Je dirai que je vous ai rencontré en chemin, revenant au régiment, et la punition sera légère, mais remettez-moi votre fusil. En avant, soldats ! »

Au même instant il s’avança précipitamment, étendant le bras comme pour écarter l’arme que le jeune homme dirigeait sur lui. « N’épargne pas le sang de ton père pour défendre son foyer ! » s’écria Elspat, exaspérée. À ces funestes mots, Hamish fit feu, et Cameron tomba mort. Tout cela se passa dans l’espace d’un moment. Les soldats se précipitèrent sur Hamish, et s’emparèrent de lui sans qu’il fît la moindre résistance, pétrifié, épouvanté qu’il était du crime qu’il venait de commettre. Il n’en fut pas ainsi de sa mère, qui, voyant les soldats se disposer à mettre les menottes à son fils, se précipita sur eux avec une telle fureur, qu’il fallut que deux d’entre eux la tinssent, tandis que les deux autres s’assuraient du prisonnier.

« N’êtes-vous pas une créature maudite, » dit un des soldats à Hamish, «vous avez tué votre meilleur ami, qui, pendant toute la marche, n’a cessé de s’occuper du moyen de vous épargner le châtiment mérité par votre désertion !

— Entendez-vous cela, ma mère ?» dit Hamish en se tournant vers elle autant que ses liens purent le lui permettre. Mais sa mère n’entendit et ne vit rien : elle était tombée par terre, privée de sentiment. Sans attendre qu’elle fût revenue à elle, le détachement, avec son prisonnier, se remit en marche pour Dunbarton. Les soldats jugèrent nécessaire cependant de s’arrêter quelques moments au village de Dalmally, d’où ils dépêchèrent un certain nombre d’habitants pour transporter le corps de leur malheureux chef, tandis qu’ils se rendaient chez le magistrat pour l’informer de ce qui était arrivé, et lui demander ses instructions relativement à la conduite qu’ils devaient tenir. Le crime étant du ressort des lois militaires, il leur enjoignit de conduire sans délai le prisonnier à Dunbarton.

L’évanouissement d’Elspat dura long-temps, plus long-temps peut-être qu’il n’aurait duré, si sa constitution, quelque vigoureuse qu’elle fût, n’eût été presque épuisée par l’agitation extraordinaire des trois jours précédents. Elle fut enfin tirée de sa stupeur par des voix de femmes qui chantaient le Coronach, en battant des mains, et en poussant des cris et des lamentations, tandis que la cornemuse faisait retentir de temps à autre les sons